Publié par Michel

Pourquoi il enterre un vieux morceau de bois sous ses courges (et ce que ça fait au sol)

30 mai 2025

courges
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Vous êtes tombé sur un potager un peu étrange ? Un jardinier creuse une tranchée, y place un vieux morceau de bois tout pourri, puis recouvre le tout avant d’y planter ses courges. À première vue, ça peut sembler absurde. Et pourtant, ce geste simple cache une logique imparable, fondée sur les rythmes naturels de la forêt et sur une technique agricole ingénieuse.

Ce n’est pas une lubie de permaculteur en sandales : c’est une méthode pensée pour améliorer durablement la santé du sol, réduire les besoins en eau et booster la croissance des plantes. Vous avez des courges paresseuses ? Des arrosages sans fin ? Une terre qui s’assèche trop vite ? Ce vieux bout de bois est peut-être la réponse.

Ce que vous allez découvrir, c’est que le bois mort n’est pas qu’un résidu : il devient un acteur de votre sol. Une éponge, un garde-manger, un refuge. Et ce n’est pas une anecdote. C’est le cœur d’un système que beaucoup redécouvrent aujourd’hui.

Alors si vous cultivez des courges, ou même d’autres légumes exigeants, lisez bien la suite : ce vieux tronc enterré pourrait bien changer votre manière de jardiner.

Quand le sol s’épuise et que les courges réclament plus que de l’eau

Les courges sont des plantes vigoureuses, gourmandes, parfois capricieuses. Elles ont besoin de chaleur, de place… et surtout d’un sol vivant et nourrissant. Sauf que voilà : entre les étés de plus en plus secs et les sols appauvris par les cultures successives, la partie devient rude.

Les terres s’assèchent. L’eau file trop vite. Les nutriments s’épuisent. Et le jardinier finit par compenser : arrosages fréquents, apports d’engrais, compost à répétition. Parfois sans résultats visibles. Ce n’est pas forcément que la plante est faible. C’est peut-être que le sol ne respire plus, ne régule plus, ne transmet plus rien.

Et si le problème venait de là ? Si, au lieu d’ajouter en surface, on régénérait en profondeur ?

Le bois en décomposition : un levier oublié de fertilité souterraine

La technique utilisée ici s’appelle la butte de bois, inspirée du modèle forestier. Dans une forêt, les troncs morts tombés au sol nourrissent l’écosystème pendant des années. Sous terre, ce bois agit comme une réserve lente de carbone, une éponge à eau et un refuge pour les champignons bénéfiques.

Enterrer un morceau de bois sous vos courges, c’est exactement cela :

Le bois capte l’humidité lorsqu’il pleut, puis la restitue progressivement en période sèche. Il devient une batterie hydrique naturelle. Pendant sa lente décomposition, il relâche des éléments minéraux essentiels (carbone, magnésium, potassium…), favorise la mycorhization et attire toute une faune souterraine qui participe à l’aération et à la régénération du sol.

C’est une alchimie lente mais puissante. À l’échelle d’un potager, cela signifie moins d’arrosage, une meilleure structure du sol, et surtout des courges bien plus vigoureuses, enracinées en profondeur.

Ce que l’on observe sur le terrain : un potager plus autonome

Ceux qui pratiquent cette méthode notent rapidement des différences. Moins de stress hydrique pour les plantes, même en plein été. Des fruits plus gros, plus nombreux. Un feuillage plus résistant. Et une vie microbienne qui s’intensifie.

Mais le plus frappant reste souvent invisible : la transformation du sol. Au bout d’un an ou deux, il devient plus souple, plus sombre, plus stable. L’humus se construit. Le bois, devenu presque invisible, continue son travail en silence. Et vous, vous récoltez sans trop vous en rendre compte les bénéfices d’un processus profond et durable.

Comment bien enterrer du bois sous ses courges

On ne jette pas n’importe quoi sous ses plantes. Le bois doit être sec et déjà en partie décomposé, jamais traité, jamais résineux (évitez le pin, le sapin, ou le cèdre). Le mieux : un vieux tronc oublié au fond du jardin, un morceau de hêtre ou de chêne bien spongieux, colonisé par les champignons blancs.

On le place dans une tranchée peu profonde (20 à 30 cm suffisent), on le recouvre d’un mélange de terre, de compost et éventuellement de matière azotée (comme des tontes de gazon ou du fumier bien mûr), pour compenser l’effet « voleur d’azote » du bois en début de décomposition.

« Un bois trop frais et enterré sans apport d’azote peut provoquer un blocage temporaire de la croissance des plantes. Mieux vaut toujours ajouter une couche azotée pour éviter ce déséquilibre. »

Enfin, on arrose abondamment une première fois, puis on laisse faire. La nature reprend la main. Et les courges, elles, s’épanouissent à une vitesse surprenante.

Ce que ce vieux bois raconte de notre façon de jardiner

Cette technique nous ramène à une idée simple : le sol n’est pas un support, c’est un système vivant. En enterrant du bois, on relance une dynamique souterraine souvent oubliée. Une dynamique lente, patiente, mais incroyablement féconde.

Ce n’est pas de la magie. Ce n’est pas un gadget. C’est du bon sens rural, de la biomimétique appliquée à votre potager. Et quand vous verrez vos courges ramper joyeusement au-dessus de ce vieux tronc, vous saurez que quelque chose a changé !

Mis à jour le 30 mai 2025

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Michel Dupont est un expert passionné en agriculture durable et fondateur de EcoleDagriculture.fr, une plateforme éducative innovante dédiée à la formation et au développement des compétences dans le secteur agricole. Retrouvons-nous sur : 👉 notre page Facebook ! Et partagez nos articles, commentez, c’est le meilleur moyen de nous soutenir !

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2 réponses

  1. Je suis au Sénégal et utilise le ronier en decompositîôn pour ajouter au sable
    Aération
    Rétention
    Nutrition

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