Sur une bande de terrain exiguë, entre deux immeubles ou en lisière d’un centre commercial, des jeunes pousses jaillissent, serrées les unes contre les autres. Pas de pelouse, pas de haies disciplinées : juste une végétation foisonnante, imprévisible, déjà vibrante malgré son jeune âge. Trois mois plus tôt, le sol était stérile, tassé, souvent imperméable. Trois ans plus tard, l’ambition est claire : créer une forêt autonome, dense, stratifiée, sans arrosage ni taille, capable de s’autoréguler comme un écosystème naturel.
La méthode Miyawaki s’impose comme une réponse directe à l’urbanisation massive et à l’urgence climatique. Technique radicale, reproductible, elle intrigue autant qu’elle convainc. Son efficacité repose sur un protocole précis : planter très densément, sélectionner uniquement des espèces locales adaptées, enrichir le sol, et couvrir le tout d’un paillage épais. Ce n’est ni une utopie ni un effet de mode, mais une approche scientifique de la reforestation accélérée, déjà appliquée sur des milliers de sites à travers le monde, de l’Inde au Japon en passant par l’Europe.
Sommaire
Pourquoi parle-t-on de forêt en 3 ans avec la méthode Miyawaki ?
Parce que cette technique permet d’obtenir une canopée dense, un sol vivant et un écosystème fonctionnel en seulement trois ans, là où une forêt naturelle mettrait des décennies.
La clé réside dans la combinaison de plusieurs facteurs : densité de plantation extrême (jusqu’à 3 à 5 jeunes plants par m²), diversité végétale sur plusieurs strates (herbacées, arbustes, arbres), sélection rigoureuse d’espèces locales adaptées au climat, et stimulation du sol avec compost et paillage. Cette compétition contrôlée entre les plantes accélère leur croissance et les pousse à coopérer pour capter lumière, eau et nutriments.
Comment fonctionne concrètement la méthode Miyawaki ?
En quatre étapes clés : analyse du sol, enrichissement organique, plantation dense et aléatoire, puis paillage épais pour retenir l’humidité et activer la vie souterraine.
Le sol, souvent dégradé en milieu urbain, est ameubli et nourri par du compost, du fumier et du broyat. Puis on sélectionne entre 15 et 30 espèces végétales locales, compatibles avec la végétation potentielle naturelle du site. Ces espèces sont plantées en strates, très proches les unes des autres, sans ordre géométrique. Le paillage (paille, copeaux, feuilles) recouvre le tout pour maintenir l’humidité, limiter les adventices et accélérer la constitution d’une litière forestière.
Quelles espèces choisir dans un contexte méditerranéen comme Marseille ?
La méthode exige l’usage exclusif d’espèces indigènes, c’est-à-dire déjà présentes historiquement dans la région, adaptées au climat sec et aux sols calcaires.
À Marseille, on privilégie par exemple le chêne vert, l’arbousier, le laurier noble, le ciste, le pistachier lentisque, ou encore le genévrier. Ces espèces méditerranéennes supportent bien les étés chauds, les vents secs et les sols pauvres. Le choix se fait selon les données de végétation potentielle locale, souvent validées par les conservatoires botaniques ou les experts forestiers.
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Pourquoi planter aussi serré dans la méthode Miyawaki ?
Parce que la densité crée une concurrence végétale qui stimule la croissance, mais aussi un effet de microclimat interne dès la première année.
Contrairement à une plantation classique espacée, où chaque plant est isolé, ici les jeunes pousses s’entraident et se protègent du soleil direct, du vent et du dessèchement. Elles partagent un volume racinaire compact, favorisant les échanges de mycorhizes et la formation rapide d’un sol forestier. Cela permet aussi d’éviter les arrosages prolongés : après deux ou trois ans, la micro-forêt devient autonome, même en climat sec.
Combien de temps dure l’entretien, et que se passe-t-il ensuite ?
Les deux premières années sont les plus cruciales : arrosage ponctuel en période de canicule, paillage régulier, désherbage si nécessaire. Ensuite, la forêt se gère seule.
L’objectif est de ne plus intervenir dès la troisième année. Le feuillage tombé alimente le sol, les premières strates ferment la canopée, la faune commence à revenir. Le site devient un écosystème à part entière. Certaines micro-forêts européennes plantées en 2016 dépassent déjà trois mètres de hauteur, avec des insectes, oiseaux, ronces et mousses visibles toute l’année.
Quels sont les avantages de cette méthode par rapport à une plantation classique ?
La méthode Miyawaki permet une densité végétale maximale sur un espace très réduit, une croissance accélérée et un impact écologique mesurable dès les premières années.
Contrairement à une plantation d’alignement ou une haie urbaine, elle favorise la biodiversité, la résilience au changement climatique et l’effet de rafraîchissement en zone urbaine. La micro-forêt agit comme un puits de carbone, un îlot de fraîcheur, un refuge pour la faune, et un levier pédagogique pour les riverains. Elle n’a pas vocation à devenir un parc, mais un morceau de nature sauvage intégré à la ville.
La méthode Miyawaki n’est pas une solution miracle, mais un outil puissant à manier avec rigueur. Elle exige une vraie préparation, une connaissance du sol et une implication locale forte. À Marseille comme ailleurs, elle interroge aussi notre rapport au vivant : accepter qu’une forêt puisse être plantée en trois jours, mais qu’elle échappe ensuite à toute forme de contrôle. C’est ce lâcher-prise, autant que la densité végétale, qui rend la démarche aussi radicale que fascinante.
Mis à jour le 25 juillet 2025
2 réponses
Beaucoup de choses! Vraies mais j’ai relevé 2 grosses erreurs. J’ai planté chez moi il y a 15 ans. Plein d’arbres donc je peux dire ce qui se passe en 3 ans. La première planter serrer des arbres pose un problème surtout pour la récolte si c’est des fruitiers car il se concurrencent au niveau de la lumière. Il suffit de regarder n’importe quelle forêt pour se rendre compte qu’il y a un espace minimum entre les arbres. La végétation basse rempliront les espaces. Je voudrais ajouter que les hautes herbes au pied des arbres est très bénéfique, plus qu’on ne le pense…
Ensuite pour la deuxième en 3 ans, vous n’aurez jamais de forêt. La forêt commence à peu près 10 ans. Là vous avez des arbres jeunes mais l’ensemble commence à ressembler à une forêt.
Donc un conseil c’est chez vous. Vous voulez faire une forêt? Essayer de vous y prendre le plus tôt possible.
Merci pour votre retour Cuiguillere.