Chaque automne, la scène se répète : les feuilles des haies brûlent, les érables s’essoufflent, les lauriers jaunissent avant même les premières gelées. Le jardin, symbole de calme et de renouveau, devient source de frustration. Entre les sécheresses estivales, les hivers décalés et des pluies qui ne suffisent plus, les arbres ornementaux peinent à suivre. Certains dépérissent en quelques années, d’autres réclament une attention constante. Et si le problème ne venait pas du climat, mais de nos choix ?
Pendant que beaucoup s’acharnent à sauver des essences fragiles, un géant discret traverse les siècles sans se plaindre. Le ginkgo biloba, surnommé « l’arbre des dinosaures », pousse avec une lenteur sereine, indifférent aux caprices du temps. Ni sécheresse, ni gel, ni pollution ne semblent l’atteindre. En octobre, quand la terre se réchauffe d’une lumière plus douce, c’est le moment idéal pour l’accueillir : planter un ginkgo, c’est offrir au jardin un souffle d’éternité.
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Pourquoi nos arbres modernes ne tiennent plus le choc ?
Les jardiniers l’observent depuis des années : les arbres d’ornement, jadis synonymes de vigueur, se montrent de plus en plus capricieux. Les rhododendrons brûlent sous le soleil, les bouleaux s’épuisent dans les sols lourds, les magnolias se crispent au moindre gel. Les cycles saisonniers s’accélèrent, les sols se dessèchent, et beaucoup de plantations ne s’adaptent plus. La faute, parfois, à notre impatience : on plante vite, on arrose trop, on nourrit sans mesure. La nature, elle, demande du temps.
Le ginkgo biloba, lui, a traversé 270 millions d’années sans rien demander à personne. Ni insectes ravageurs, ni maladies, ni pollution ne parviennent à l’inquiéter. Sa lente croissance cache une énergie profonde, presque minérale. C’est un arbre de persévérance, taillé pour durer, là où tant d’autres s’épuisent à vouloir pousser trop vite.
« Le plus grand ennemi du ginkgo n’est pas le climat, mais la surprotection. Trop d’eau ou d’engrais peuvent lui nuire plus sûrement qu’un hiver rigoureux. »
Les secrets naturels d’un arbre qui défie le temps
Son secret ? Une biologie simple et robuste. Le ginkgo enfonce ses racines profondément, là où la terre reste fraîche même en été. Son feuillage épais, presque cireux, limite l’évaporation. Il supporte les gels sévères comme les chaleurs extrêmes, et se montre indifférent à la pollution. Dans de nombreuses villes françaises, des allées entières de ginkgos dorent chaque automne sous la lumière oblique du soleil. Leur feuillage d’or tombe en quelques jours, créant un tapis lumineux d’une beauté saisissante, presque irréelle.
Peut-on planter le ginkgo biloba en France ?
Oui, et presque partout. Cet arbre rustique supporte sans peine les hivers jusqu’à –25 °C et les étés secs des régions méridionales. Il s’adapte aussi bien aux climats océaniques de la Bretagne qu’aux sols caillouteux de la Provence ou aux hivers rigoureux de l’Est. Ce qu’il redoute surtout, c’est l’excès d’eau stagnante : mieux vaut un sol pauvre mais drainant qu’une terre lourde et gorgée d’humidité.
Son seul caprice ? La lumière. Il préfère le plein soleil ou une mi-ombre légère, loin des arbres plus imposants. Planté isolé, il révèle pleinement sa silhouette élégante et son feuillage changeant. En ville, il supporte la pollution, et en campagne, il attire les oiseaux et les insectes. Autrement dit : il trouve sa place partout où la patience a droit de cité.
Octobre, le moment clé pour planter un ginkgo biloba
La réussite d’une plantation de ginkgo repose sur quelques gestes simples mais essentiels. Octobre est le bon mois : le sol reste tiède, les pluies reprennent, et les racines ont le temps de s’installer avant l’hiver. La première règle consiste à défaire les racines enroulées autour de la motte. Les libérer permet à l’arbre de reprendre une croissance naturelle, sans rester prisonnier de son pot d’origine.
Ensuite, il faut creuser large plutôt que profond : un trou deux fois plus large que la motte, mais à peine plus profond. Le ginkgo aime respirer. Un quart de compost mûr suffit à enrichir la terre, mais inutile d’ajouter engrais ou amendements chimiques. Le secret réside dans la sobriété : cet arbre, habitué aux sols pauvres, préfère la frugalité à la profusion.
Une cuvette d’arrosage au pied permet de canaliser l’eau de pluie sans noyer les racines. Un arrosage généreux le jour de la plantation, puis un simple suivi si l’automne s’annonce sec, suffisent. Par la suite, il se débrouillera seul. Un paillage léger de feuilles mortes ou de copeaux protégera le sol sans étouffer le tronc. Et si l’arbre est jeune, un tuteur souple aidera à le stabiliser sans contraindre sa croissance.
Les jardiniers expérimentés rappellent enfin que le ginkgo demande du temps pour s’installer. Ses premières années sont silencieuses, presque immobiles. Puis, soudain, il s’élance. Cette lenteur, loin d’être un défaut, est la marque de sa solidité.
La validation du terrain : l’expérience de ceux qui l’ont tenté
Bernard, jardinier amateur en Bourgogne, raconte : « J’ai planté un ginkgo il y a quinze ans, sans rien faire d’autre que le mettre en terre. Aujourd’hui, il dépasse les six mètres. Il n’a jamais été malade, jamais traité, jamais arrosé. » Un autre témoin, dans le Sud-Ouest, confie que son ginkgo a mis trois ans avant de croître visiblement, puis n’a plus jamais cessé de grandir. Partout en France, les récits se ressemblent : le ginkgo récompense la patience par une beauté tranquille.
Cette force tranquille séduit aussi les paysagistes, qui voient en lui un symbole de continuité. Dans un monde où tout va vite, il réapprend au jardin à respirer, à durer, à se reconstruire lentement. Son feuillage doré en automne agit comme un signal : ici, la nature sait encore faire les choses à son rythme.
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Un arbre pour aujourd’hui et pour demain
Le ginkgo biloba n’est pas seulement un survivant de la préhistoire. C’est un compagnon de l’avenir. Il offre une réponse concrète aux défis d’aujourd’hui : climat instable, raréfaction de l’eau, besoin d’espaces verts durables. Son entretien minimal, sa résistance exemplaire et sa beauté intemporelle en font l’un des meilleurs choix pour ceux qui veulent un jardin vivant, mais apaisé.
Planter un ginkgo en octobre, c’est faire bien plus qu’ajouter un arbre : c’est ancrer une promesse. Une promesse de durée, de légèreté et de fidélité au cycle naturel. Et vous, avez-vous déjà tenté l’expérience ? Partagez vos observations, vos réussites ou vos surprises : c’est souvent par les récits des jardiniers que la nature continue d’écrire son histoire.
Mis à jour le 13 octobre 2025