Le jardin se couvre de brume, la terre se referme doucement sous le froid. On pourrait croire la vie endormie, et pourtant… c’est maintenant que tout se joue pour les fraises du printemps. Dans les massifs, les plants se tassent, leurs feuilles roussissent, et la promesse des fruits rouges semble bien loin. Mais sous la surface, la nature prépare déjà son prochain élan. Et certains jardiniers, les plus malins, savent qu’il existe un petit geste d’hiver capable de changer le goût de leurs fraises de mai.
Ce geste, il ne coûte rien ou presque. Il ne demande pas d’engrais, ni de produit miracle. Il repose sur une simple association de plantes, un compagnonnage ancestral que nos anciens pratiquaient sans même le théoriser. Et à l’heure où tout le monde cherche à jardiner plus simplement, il revient en force : planter un légume au pied des fraisiers, dès novembre, pour des fruits plus sains, plus sucrés, et des plants plus résistants.
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Quand le sol s’épuise, les fraises perdent leur éclat
Si vos fraises sont parfois fades ou attaquées dès le printemps, le problème ne vient pas forcément de la variété. L’hiver est une épreuve silencieuse : la pluie compacte la terre, les vers et les nématodes s’y faufilent, et les racines du fraisier s’affaiblissent. Le manque d’air, la stagnation d’eau et la disparition de la microfaune en font une victime facile pour les maladies. Quand le redoux arrive, la plante redémarre fatiguée. Elle donne moins, et surtout, moins bon.
À cette période, le jardinier n’a pourtant pas grand-chose à faire… sauf une chose : protéger son sol et ses fraisiers par une plante compagne, capable d’agir en silence pendant tout l’hiver.
Le poireau, un gardien discret au service des fraises

Le poireau, roi des potagers d’hiver, n’a pas son pareil pour défendre son voisinage. Ses racines fines et profondes structurent le sol et l’aèrent. Son odeur, à peine perceptible pour nous, agit comme un répulsif naturel pour les pucerons, les limaces et même les vers du sol. Certains jardiniers racontent qu’ils n’ont plus jamais revu un puceron sur leurs fraisiers depuis qu’ils ont adopté ce duo.
Le poireau agit comme un rempart vivant : il détourne les nuisibles, empêche la terre de se tasser et crée un microclimat protecteur au ras du sol. Pendant que le fraisier se repose, son voisin travaille pour lui. Un tandem parfait, discret mais redoutablement efficace.
« Les poireaux plantés entre mes fraisiers, c’est mon secret depuis des années. Zéro puceron, et des fraises tellement sucrées qu’on croirait qu’elles ont pris le soleil avant tout le monde. »
Comment planter le poireau au milieu des fraisiers
Entre la fin d’octobre et le début de décembre, tant que le sol n’est pas gelé, c’est le moment idéal pour installer vos poireaux. Plantez-les entre les rangées de fraisiers, en laissant une vingtaine de centimètres d’espace. Les plus fins, qu’on appelle souvent « poireaux crayons », s’intègrent parfaitement en bordure. Vous pouvez aussi alterner les tailles : les plus jeunes en périphérie, les plus costauds au centre pour briser le vent froid.
Inutile de bêcher profondément : un trou léger à la fourche, un peu de compost au fond, et le tour est joué. L’idée n’est pas de nourrir à outrance, mais d’équilibrer. Le poireau aime la terre fraîche, le fraisier préfère la stabilité, les deux s’y retrouvent.
Pendant l’hiver, les poireaux continuent de croître lentement. Leurs racines libèrent ces fameux composés soufrés qui nettoient et assainissent le sol. En surface, leur feuillage agit comme un bouclier contre le vent, limitant le dessèchement. C’est un travail invisible, mais d’une efficacité remarquable.
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Des fraises plus sucrées, des plants plus robustes
Le résultat se voit dès le retour des beaux jours. Les fraisiers redémarrent plus vite, avec un feuillage dense et une floraison généreuse. Les fruits gagnent en taille et surtout en goût : plus parfumés, plus juteux, plus sucrés. Certains parlent même d’un mois de récolte supplémentaire grâce à la vigueur retrouvée des plants.
Au-delà du goût, c’est la santé du jardin qui s’en ressent. Moins d’insectes nuisibles, moins de maladies, un sol plus vivant… et plus besoin d’intervenir avec des produits chimiques. Le poireau, en bon compagnon, protège sans prendre la vedette.
Une méthode ancienne qui retrouve tout son sens
Ce mariage inattendu entre fraisiers et poireaux n’est pas une invention moderne. C’est une pratique transmise par les anciens, observée, oubliée, puis redécouverte. Dans de nombreux potagers de campagne, on retrouve encore ces bandes alternées où les feuilles vertes du poireau côtoient les fraisiers assoupis sous la paille. Ce sont ces gestes simples, hérités du bon sens paysan, qui rendent au jardin son équilibre naturel.
Et si cet hiver, vous essayiez à votre tour ? Entre deux pluies de novembre, plantez quelques poireaux au cœur de vos fraisiers. Vous verrez peut-être, au printemps, vos fruits rougir un peu plus tôt, et votre jardin respirer différemment. Les résultats valent bien le coup de se salir un peu les mains.
Vous avez déjà tenté l’expérience ? Partagez vos résultats, vos réussites ou vos ratés dans les commentaires, les bons conseils poussent toujours mieux quand on les échange entre jardiniers.
Mis à jour le 5 novembre 2025
2 réponses
Merci
Au plaisir Bernard !