Chaque année, à l’approche de la Toussaint, des millions de chrysanthèmes envahissent les trottoirs devant les cimetières. Et avec eux, cette idée tenace : le chrysanthème, c’est la fleur des morts. Résultat ? Dans bien des jardins, on s’interdit de les planter. Trop triste, trop connoté, pas envie que ça “fasse cimetière”.
Mais cette réputation est non seulement injuste, elle prive surtout de nombreux jardiniers, débutants comme expérimentés, d’une plante étonnamment généreuse, résistante, et redoutablement efficace pour donner de la couleur quand tout le reste décline. Pire encore : beaucoup passent à côté de variétés magnifiques, florifères, parfois même parfumées, juste à cause d’un vieux cliché culturel.
La bonne nouvelle, c’est que septembre est le moment parfait pour remettre les pendules florales à l’heure. Et redonner au chrysanthème sa vraie place : celle d’un pilier du jardin d’automne, capable d’illuminer massifs, potées et terrasses sans exiger des heures de soin.
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Pourquoi le chrysanthème a-t-il cette image si négative en France ?
Tout vient d’un geste symbolique devenu rituel : déposer un pot de chrysanthèmes sur une tombe à la Toussaint. Une tradition née après la Première Guerre mondiale, lorsque les autorités ont appelé les Français à fleurir les tombes des soldats tombés au front. À l’époque, le chrysanthème était l’une des rares plantes encore en fleur fin octobre, résistante au froid, facile à produire en masse.
Ce symbole s’est ancré profondément. Si bien qu’aujourd’hui, dans l’inconscient collectif, planter un chrysanthème dans son jardin peut paraître déplacé, voire morbide. Et pourtant, dans d’autres pays — comme au Japon, où il est une fleur impériale, ou en Angleterre, où il symbolise la joie —, il est célébré pour ses qualités ornementales, sans la moindre connotation funéraire.
Peut-on vraiment planter des chrysanthèmes au jardin sans se tromper ?
Oui, et pas qu’un peu. Les variétés de chrysanthèmes destinées aux massifs ou aux jardinières n’ont souvent rien à voir avec les boules compactes vendues en pot à la Toussaint. On trouve aujourd’hui des chrysanthèmes à port souple, retombant, érigé, certains avec des fleurs simples, d’autres doubles, dans une palette allant du jaune soleil au pourpre profond, en passant par le rose pâle ou le cuivre flamboyant.
Leur floraison, qui commence en septembre et peut durer jusqu’aux premières gelées, est un vrai atout dans un jardin qui commence à s’éteindre. Et la plupart des variétés vivaces, bien installées, refleuriront chaque automne sans effort particulier.
“Ce que je plante en septembre, je ne m’en occupe plus avant le printemps”, résume Antoine, jardinier amateur en Charente-Maritime. “Le chrysanthème, c’est ma récompense de fin de saison.”
Comment bien réussir la plantation d’un chrysanthème en septembre ?
Il faut commencer par choisir une variété adaptée. Les chrysanthèmes vivaces (souvent appelés “chrysanthèmes d’automne”) sont les plus adaptés à une culture en pleine terre. Privilégiez une exposition ensoleillée, un sol léger, drainé, enrichi de compost si besoin.
Plantez-les en espaçant suffisamment les pieds (30 à 50 cm selon la variété), arrosez bien à la mise en terre, puis laissez-les s’installer. Un paillage peut aider à conserver l’humidité et protéger les racines en cas de froid précoce.
“Ne tombez pas dans le piège du pot acheté à la Toussaint et replanté après coup”, prévient Claire, horticultrice près de Niort. “Ces plants sont souvent forcés en serre, peu rustiques, et ne survivent pas à l’hiver.”
Préférez acheter vos chrysanthèmes en godets ou jeunes plants chez un pépiniériste ou en jardinerie spécialisée dès septembre, pour leur laisser le temps de s’enraciner avant les premières gelées.
Quelles variétés de chrysanthèmes choisir pour un jardin fleuri et vivant ?
Pour un effet visuel fort, jouez sur les hauteurs, les textures et les couleurs. Les variétés comme Chrysanthemum ‘Mei-Kyo’ (compacte, rose violacé), ‘Empereur de Chine’ (haute, à reflets roses changeants) ou ‘Mary Stoker’ (jaune abricot doux) sont particulièrement appréciées des jardiniers qui veulent un rendu naturel et durable.
Associez-les à des feuillages d’automne (heuchères, euphorbes, graminées), ou à des vivaces rustiques comme les asters ou les sedums pour composer des scènes d’automne vibrantes.
Faut-il les tailler, protéger ou rentrer l’hiver venu ?
Tout dépend de votre climat et de la variété choisie. Dans les régions aux hivers doux, les chrysanthèmes vivaces peuvent rester en place. Rabattez les tiges fanées après les premières gelées, paillez légèrement, et c’est tout.
En climat plus froid, certaines variétés auront besoin d’un paillage plus épais, voire d’un hivernage sous abri pour les plus frileuses. En pot, on peut les rapprocher d’un mur ou les rentrer sous abri ventilé et lumineux.
Alors, faut-il bannir les chrysanthèmes du jardin ?
Ce serait une erreur. Les chrysanthèmes méritent qu’on les regarde autrement. Comme une fleur d’automne puissante, généreuse, capable de redonner vie à un jardin endormi. Comme une plante libre, qui ne demande pas qu’on la pleure mais qu’on la plante.
Et vous, avez-vous déjà osé planter des chrysanthèmes hors du cimetière ? Partagez votre expérience en commentaire, ou vos variétés préférées de septembre. Le débat est ouvert.
Mis à jour le 25 septembre 2025