Vous pensiez que vos habitudes de désherbage allaient encore tenir quelques années ? En 2025, un tournant s’annonce dans les champs français.
L’interdiction du S-métolachlore n’est plus une menace : elle est effective. Ce produit-phare du désherbage prélevée, largement utilisé notamment en culture de tournesol et en rotation avec maïs, quitte définitivement le paysage agricole. Pour certains, c’est une bonne nouvelle en matière d’écologie. Pour d’autres, c’est une vraie épine dans le pied. Une chose est sûre : les pratiques vont devoir s’adapter rapidement. Et si cette contrainte était aussi l’occasion de repenser la stratégie désherbage ? Car deux nouveaux produits arrivent, et ils pourraient bien redessiner les équilibres.
Sommaire
Pourquoi le retrait du S-métolachlore bouleverse les habitudes agricoles
Le S-métolachlore était depuis longtemps l’un des piliers de la lutte contre les graminées estivales dans de nombreuses cultures. Sa suppression, décidée pour des raisons environnementales et sanitaires, vise à réduire sa présence dans les eaux souterraines. Mais son efficacité, notamment en rotation maïs-tournesol, le rendait difficilement remplaçable dans certaines zones.
Pour les agriculteurs, ce retrait crée un vide technique. Les graminées comme le ray-grass, les panics ou les sétaires pourraient rapidement regagner du terrain, surtout dans les systèmes déjà sous pression. Ce changement nécessite donc une réponse immédiate, efficace et économiquement viable.
« L’absence d’alternative fiable dès la campagne 2025 pourrait provoquer un retour en force des adventices et une baisse des rendements si des solutions adaptées ne sont pas mises en place à temps. »
Ce que permettent encore les herbicides actuels sans S-métolachlore
Heureusement, plusieurs produits encore homologués permettent de construire des programmes solides. La pendiméthaline reste une option précieuse pour les graminées estivales classiques comme la digitaire, la sétaire et le panic. Son spectre sur dicotylédones, notamment sur chénopodes, morelles et renouées, la rend toujours utile en prélevée.
L’association de pendiméthaline avec du DMTA-P, comme dans Dakota-P, renforce encore l’efficacité, notamment contre le ray-grass. En combinaison avec d’autres herbicides comme Challenge ou Proman, on parvient à des niveaux de maîtrise comparables à ceux obtenus avec le S-métolachlore, surtout en l’absence de très forte pression graminées.
Quels sont les deux nouveaux herbicides attendus pour 2026 ?
Si 2025 sera une année de transition, 2026 devrait voir l’arrivée de deux nouveaux herbicides qui intéressent déjà fortement le monde agricole :
Le premier associe pendiméthaline et DFF, une combinaison déjà connue en céréales sous le nom de Codix. Il promet une efficacité renforcée sur les dicotylédones difficiles comme les renouées liseron, les séneçons, ou les matricaires. En revanche, il reste un peu en retrait sur graminées estivales par rapport au S-métolachlore ou à Dakota-P.
Le second, Isard, repose uniquement sur le DMTA-P. Il s’agit d’une version de remplacement du Mercantor, un produit bien connu des producteurs. Il offrira une nouvelle solution pour des programmes sans S-métolachlore, mais avec une efficacité à surveiller en fonction des flores ciblées.
Comment adapter ses pratiques dès la campagne 2025 ?
La clé sera d’adopter une stratégie plus fine, en combinant les produits selon les types d’adventices présentes dans les parcelles. Le recours aux postlevées comme Viballa devient aussi une option plus stratégique, notamment pour cibler des espèces comme l’ambroisie ou les xanthiums, souvent échappées des programmes classiques. Les variétés tolérantes aux herbicides et les programmes à base d’imazamox prennent également une place centrale.
Il faudra aussi accepter une forme de complexification : davantage d’observations, d’interventions en fonction des stades, et une gestion plus dynamique du stock grainier des adventices. C’est une évolution, mais aussi une opportunité de rationaliser les interventions tout en limitant les intrants les plus controversés.
Ce que cela révèle des évolutions agricoles en cours
Ce changement n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une dynamique plus large : celle de la réduction des produits phytosanitaires en agriculture. Chaque retrait, chaque nouvelle autorisation ou contrainte réglementaire façonne peu à peu des itinéraires plus techniques, plus exigeants, mais aussi parfois plus durables.
Le retrait du S-métolachlore, s’il est un défi à court terme, pourrait accélérer l’adoption de pratiques plus intégrées, mêlant observation, rotation bien pensée, et combinaison raisonnée de produits plus ciblés. C’est aussi dans cette direction que s’oriente la recherche, avec des essais de plus en plus tournés vers des solutions mixtes, à la frontière entre chimie et agroécologie.
Mis à jour le 28 mars 2025