Chaque automne, les vergers et les jardins se parent d’un manteau de feuilles mortes. Beaucoup de jardiniers s’en réjouissent, voyant là une matière gratuite et abondante pour nourrir et protéger leurs arbres. Mais derrière cette pratique en apparence évidente se cachent des pièges. Ce qui devait renforcer la vitalité des fruitiers peut, mal utilisé, freiner leur croissance, abîmer les racines, voire favoriser les maladies. Les feuilles mortes sont un trésor, à condition de savoir s’en servir. Sinon, ce cadeau de la nature peut se retourner contre vos récoltes.
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Pourquoi le paillage de feuilles mortes n’est pas toujours bénéfique
On répète souvent que pailler avec des feuilles mortes, c’est reproduire ce qui se passe en forêt : un sol recouvert, riche, vivant. Mais le verger n’est pas une forêt. Les arbres fruitiers, souvent greffés et conduits, réagissent différemment à l’humidité, aux champignons, à l’épaisseur du paillis. Quand on étale les feuilles sans réfléchir, on crée parfois un milieu asphyxiant, ou au contraire trop sec, qui ne rend aucun service aux racines. Des jardiniers rapportent même des pertes de vigueur après quelques années de paillage mal conduit.
Les erreurs qui fragilisent vos arbres fruitiers
La plus fréquente est de coller le paillage au tronc. L’écorce reste humide, ce qui attire champignons et parasites. Une autre erreur est de tout accepter sans trier : des feuilles tachées de maladies, mises directement au pied de l’arbre, réinfectent l’ensemble du verger. Les feuilles coriaces comme celles de platane ou de chêne posent aussi problème : elles mettent des années à se décomposer et bloquent la respiration du sol si elles sont utilisées seules.
D’autres jardiniers racontent avoir paillé trop épais, créant une barrière étanche. L’eau de pluie glisse, les racines s’assèchent en profondeur, tandis qu’en surface les limaces trouvent un refuge idéal. À l’inverse, un paillage trop mince ne protège rien et se disperse au premier coup de vent. L’équilibre est subtil : assez épais pour protéger, mais pas au point de suffoquer.
Comment éviter les maladies liées aux feuilles mortes

Un sol couvert garde l’humidité, ce qui favorise la vie microbienne. C’est un atout si le paillis est aéré et bien choisi. Mais si l’on mélange des feuilles de pommiers malades ou tachées de champignons, on ramène au pied de l’arbre les spores responsables de la tavelure ou d’autres maladies cryptogamiques. La tentation est grande de ramasser tout ce qui tombe, mais ce geste peut coûter cher.
Avertissement : n’utilisez jamais de feuilles tachées, percées ou couvertes de moisissures pour pailler vos fruitiers. Ces spores hivernent et contaminent le verger au printemps. Un simple tri, fait au moment du ramassage, évite des années de lutte contre les maladies.
Quelle épaisseur de paillis installer au pied des fruitiers
L’épaisseur du paillage fait débat dans les forums de jardiniers. Trop mince, il ne joue aucun rôle. Trop épais, il devient une barrière compacte. La règle qui revient le plus souvent : entre 8 et 15 cm, selon l’essence fruitière et la texture des feuilles. Les fruitiers à noyaux comme les abricotiers ou cerisiers supportent mieux une couche plus fine, autour de 6 à 8 cm. Les pommiers et poiriers apprécient davantage une couverture plus dense.
Un jardinier amateur racontait avoir doublé l’épaisseur de paillis sous ses pommiers après un hiver rigoureux. Résultat : au printemps, le sol était resté souple, plein de vers de terre, et la floraison s’était montrée plus régulière. Mais sous ses abricotiers, la même méthode avait provoqué une humidité excessive, source de gommoses. La preuve qu’un ajustement par espèce est indispensable.
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Faut-il broyer ou laisser les feuilles entières
Broyer les feuilles mortes, c’est accélérer leur décomposition et limiter le risque qu’elles forment une croûte étanche. Les feuilles de platane, de chêne ou de noyer, coriaces et riches en tanins, profitent énormément de ce passage au broyeur. D’autres feuilles, plus tendres (fruitiers, tilleul, bouleau), se décomposent facilement même entières. Les mélanger est souvent la meilleure solution.
Des jardiniers témoignent que depuis qu’ils passent les feuilles au broyeur, le paillis se tasse moins, reste plus homogène et attire davantage de lombrics. Ce travail supplémentaire est compensé par un sol plus fertile et des arbres plus vigoureux dès la deuxième année.
Quand installer et quand retirer le paillage
Le moment de mise en place joue lui aussi un rôle. En automne, juste après la chute des feuilles, le paillage protège le sol des pluies battantes et des premiers froids. Mais au printemps, surtout sur sol lourd, il peut retarder le réchauffement du sol. Certains jardiniers préfèrent alors griffer légèrement la surface ou retirer une partie du paillis pour accélérer le réveil des racines.
Ce réglage saisonnier évite bien des déceptions. Les arbres fruitiers greffés ont besoin d’un sol qui se réchauffe vite au printemps. Un paillage trop stable peut retarder la végétation et la floraison. Il ne s’agit donc pas seulement de pailler, mais d’accompagner le cycle annuel des arbres.
Adapter le paillage selon votre sol et votre climat
Un paillage réussi dans un jardin peut échouer dans un autre. Les sols argileux, souvent humides, supportent mal une épaisseur trop importante. Les sols sableux, au contraire, bénéficient d’une couche généreuse qui retient l’eau. Dans un climat doux et pluvieux, le risque de maladies fongiques augmente ; dans un climat sec, le paillage devient une assurance contre la soif.
C’est là que l’expérience personnelle et l’observation prennent toute leur valeur. Ce qui compte, ce n’est pas seulement la recette, mais la capacité à ajuster chaque année, en fonction des réactions du sol et des arbres.
Et maintenant, à vous de jouer
Les feuilles mortes sont une ressource gratuite et abondante, mais leur gestion ne s’improvise pas. Chaque détail compte : le choix des essences, l’épaisseur, le moment, le tri. Les erreurs sont fréquentes, mais elles se corrigent vite quand on sait où porter son attention. À vous de partager vos réussites ou vos ratés : comment gérez-vous les feuilles mortes au pied de vos arbres fruitiers ?
Mis à jour le 25 septembre 2025