Publié par Michel

Scandale des bananes : ces produits interdits en Europe mais utilisés chez nos concurrents

26 février 2025

banane
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Quand vous achetez une banane dans votre supermarché, savez-vous vraiment ce qu’elle contient ? Alors que la France impose des normes strictes sur l’utilisation des pesticides, d’autres pays continuent d’utiliser des produits interdits sur notre territoire. Résultat : les consommateurs français mangent peut-être, sans le savoir, des bananes traitées avec des substances interdites chez nous. Une situation qui met en péril les producteurs de Guadeloupe et de Martinique, qui peinent à rivaliser avec cette concurrence jugée déloyale.

Pourquoi les bananes importées coûtent-elles moins cher ?

Les bananes restent l’un des fruits préférés des Français, avec près de 800 000 tonnes consommées chaque année. Mais parmi elles, seulement 22 % sont produites en Guadeloupe et en Martinique. La majorité des bananes vendues en France provient d’Amérique latine (Équateur, Costa Rica, Colombie) et de la zone Afrique-Caraïbes-Pacifique (Cameroun, Ghana). Pourquoi ? Parce qu’elles coûtent tout simplement moins cher.

En France, les producteurs doivent composer avec des règles sanitaires et environnementales de plus en plus strictes. Depuis 2008, l’usage des pesticides a chuté de 83 %, une avancée majeure pour la santé publique et la préservation des sols. Mais ces efforts ont un coût : la production de bananes françaises a drastiquement chuté, et les coûts de revient ont explosé. Aujourd’hui, produire un kilo de bananes en Guadeloupe ou en Martinique coûte 1,50 €, contre seulement 50 centimes pour une banane importée.

Des produits chimiques interdits en France, mais utilisés ailleurs

Ce différentiel de prix s’explique en grande partie par une réalité alarmante : alors que les producteurs français se plient à des restrictions drastiques, d’autres pays continuent d’utiliser des pesticides interdits en Europe. En Amérique latine et en Afrique, 14 substances interdites sur le sol européen sont encore utilisées sur les bananeraies.

Parmi ces produits, certains fongicides et insecticides sont pointés du doigt par des chercheurs et des ONG pour leurs effets toxiques sur la santé humaine et l’environnement. Plusieurs d’entre eux sont soupçonnés d’être cancérigènes ou de perturber le système endocrinien. Pourtant, ils continuent d’être pulvérisés sur des milliers d’hectares de plantations dont les fruits sont ensuite exportés vers l’Europe.

Quels risques pour les consommateurs ?

Lorsque vous achetez une banane importée, elle a beau respecter les seuils de résidus autorisés par l’Union européenne, cela ne signifie pas qu’elle est exempte de pesticides interdits. Plusieurs analyses ont déjà mis en évidence la présence de traces de ces substances sur des lots de bananes vendus en France.

Ces doses sont-elles dangereuses pour la santé ? À court terme, elles sont en général trop faibles pour provoquer des effets immédiats. Mais les scientifiques s’inquiètent des effets à long terme. L’accumulation de ces résidus dans l’organisme pourrait avoir des conséquences, notamment sur les enfants et les femmes enceintes. Certaines études alertent sur les risques accrus de maladies chroniques et de troubles hormonaux liés à l’exposition répétée à ces produits.

Les producteurs français face à une concurrence inéquitable

Les agriculteurs français dénoncent une situation injuste. « Nous avons fait des efforts énormes pour réduire notre usage des pesticides et proposer une banane plus saine, mais nous sommes pénalisés car nos concurrents n’ont pas les mêmes obligations », explique Nicolas Marraud des Grottes, président de l’UGPBAN.

Cette concurrence déloyale met en péril toute la filière bananière française. En vingt ans, la part de marché des bananes françaises est passée de 40 % à seulement 22 %. En dix ans, le nombre de producteurs a chuté de 650 à 450, et les surfaces cultivées ont reculé de 8 500 à 6 000 hectares. Beaucoup d’agriculteurs jettent l’éponge face à des coûts de production devenus trop élevés.

Peut-on encore sauver la banane française ?

Pour éviter un effondrement total de la filière, les producteurs demandent plusieurs mesures. Ils réclament un plan d’aide à la replantation des bananeraies et une augmentation des subventions européennes (POSEI) pour compenser les coûts supplémentaires liés à la transition écologique.

Ils demandent aussi une réforme des règles du commerce international. Actuellement, les importations de bananes sont soumises à des droits de douane faibles, ce qui favorise les producteurs étrangers utilisant des méthodes interdites en Europe. Imposer les mêmes normes sanitaires et environnementales aux bananes importées permettrait de rétablir une concurrence plus juste.

Autre solution envisagée : l’arrivée d’ici 2028 d’une banane « résistante » à la cercosporiose, une maladie qui ravage les cultures françaises. Issue de mutagenèse, cette nouvelle variété pourrait permettre de réduire encore davantage l’usage des pesticides tout en améliorant les rendements.

Que peut faire le consommateur ?

Face à cette situation, chacun peut agir à son niveau. En choisissant des bananes françaises, vous soutenez une agriculture plus respectueuse de l’environnement et de votre santé. Certes, elles sont parfois un peu plus chères, mais elles sont produites avec des contrôles stricts et sans les pesticides interdits en Europe.

« En achetant des bananes françaises, vous faites un choix éthique et sanitaire. Vous encouragez des pratiques plus saines et vous protégez votre santé et celle des producteurs », rappelle un spécialiste du secteur.

Le scandale va-t-il enfin éclater ?

Alors que les consommateurs sont de plus en plus attentifs à l’origine et à la qualité de leurs aliments, cette situation pourrait rapidement devenir un sujet de débat public. Si les autorités européennes veulent réellement protéger la santé des citoyens et soutenir une agriculture durable, elles devront agir. En attendant, il revient à chacun de faire des choix éclairés au moment de remplir son panier.

La prochaine fois que vous achèterez une banane, posez-vous la question : d’où vient-elle et comment a-t-elle été produite ? Le vrai pouvoir est entre vos mains.

Mis à jour le 26 février 2025

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Michel Dupont est un expert passionné en agriculture durable et fondateur de EcoleDagriculture.fr, une plateforme éducative innovante dédiée à la formation et au développement des compétences dans le secteur agricole. Retrouvons-nous sur : 👉 notre page Facebook ! Et partagez nos articles, commentez, c’est le meilleur moyen de nous soutenir !

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