Un matin de juillet, les feuilles de la vigne semblent avoir perdu leur éclat. Jaunies, presque délavées, elles tranchent avec le vert profond attendu en plein été. Le coupable ? Une chlorose. Et derrière ce mot technique, se cache souvent une carence : en fer ou en magnésium. Savoir trancher entre les deux peut sauver une récolte.
Pas besoin de laboratoire. L’œil suffit, à condition de savoir lire les signes. Voici comment diagnostiquer rapidement, et corriger efficacement, les pâlissements de la vigne en été.
Sommaire
Comment reconnaître une carence en fer sur la vigne ?
Une carence en fer, ou chlorose ferrique, se manifeste par des feuilles jeunes dont le limbe jaunit tandis que les nervures restent vertes. Le contraste est saisissant, presque graphique : un jaune pâle nacré strié de vert.
Cette chlorose internervaire apparaît souvent au printemps mais s’intensifie en juillet si le problème persiste. Elle touche d’abord les pousses de l’année, signe que le fer, élément peu mobile, n’arrive pas aux tissus en croissance. Le phénomène est fréquent sur sols calcaires ou alcalins où le fer, bien que présent, est bloqué et devient inutilisable par la plante.
Quels sont les symptômes d’une carence en magnésium ?
La carence en magnésium affecte les feuilles plus âgées, souvent situées près des grappes. Le jaunissement débute entre les nervures, mais se double rapidement de taches brunes ou de nécroses marginales.
Contrairement à la carence en fer, cette chlorose descendante indique que le magnésium, mobile dans la plante, est prélevé dans les vieilles feuilles pour alimenter les jeunes. Elle survient souvent après une croissance rapide, sur sols pauvres, acides ou déséquilibrés en potassium ou calcium, qui bloquent l’assimilation du magnésium.
Fer ou magnésium : comment faire le bon diagnostic ?
Le diagnostic repose sur trois critères visuels simples : l’âge des feuilles atteintes, la forme de la décoloration et la localisation dans la plante.
Feuilles jeunes atteintes avec nervures bien vertes ? Il s’agit très probablement d’une carence en fer. Feuilles plus anciennes, jaunies puis brunies en bordure ? Le magnésium est en cause. Cette lecture rapide permet d’agir sans attendre les dégâts sur la photosynthèse et donc sur la maturité des raisins.
Quels facteurs favorisent la chlorose ferrique ?
La chlorose ferrique est typique des sols calcaires, riches en bicarbonates, ou des terrains compactés et mal drainés. Le fer y devient insoluble, même s’il est présent en quantité suffisante. Un excès d’arrosage ou une période pluvieuse peuvent accentuer le blocage.
Le pH du sol joue un rôle central : au-dessus de 6,5, la disponibilité du fer chute. Les porte-greffes sensibles (101-14, Fercal…) y réagissent mal. Les symptômes s’amplifient si la matière organique est faible ou mal décomposée.
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Quels amendements pour corriger une carence en fer ?
La solution la plus efficace reste l’apport de chélates de fer, en particulier les formes EDDHA ou HBED. Elles restent actives même en sol alcalin. À appliquer au sol, au plus près des racines.
En complément, un apport de compost bien mûr améliore la structure du sol, l’activité microbienne, et facilite la mobilisation du fer. Les pulvérisations foliaires peuvent apporter un soulagement rapide mais ne règlent pas le fond du problème.
Qu’est-ce qui déclenche la carence en magnésium ?
La carence magnésique est favorisée par des sols légers, acides ou saturés en potassium. Ce dernier entre en compétition avec le magnésium pour l’absorption racinaire.
Elle peut aussi apparaître après un stress hydrique, ou lorsque la vigne a été fertilisée de façon déséquilibrée (trop d’azote ou de potasse). Le lessivage des sols en hiver contribue également à appauvrir le profil en magnésium.
Quels traitements pour la carence en magnésium ?
Un apport de sulfate de magnésium en pulvérisation foliaire est le moyen le plus rapide. Deux passages espacés de 10 jours suffisent souvent à enrayer les symptômes.
En parallèle, enrichir le sol avec du compost, voire des engrais organiques riches en magnésium, permet une correction durable. Il est essentiel d’équilibrer les apports en potassium et en calcium pour ne pas compromettre l’assimilation future du magnésium.
Que faire si la vigne continue de pâlir malgré tout ?
Si les symptômes persistent, il peut s’agir d’un déséquilibre global ou d’un cumul de carences. Un test de sol (analyse de pH, CEC, teneurs en NPK, Fe, Mg…) aide à affiner le diagnostic.
Dans les cas les plus complexes, un réajustement du porte-greffe ou une modification du profil cultural (aération, couverture organique, apport de biochar…) peut s’avérer nécessaire. La régularité des apports, l’observation fine et la souplesse d’adaptation sont les meilleurs alliés du vigneron.
Entre juin et août, la chlorose n’est pas une fatalité. Elle est un signal précieux. Bien interprétée, elle guide vers un sol vivant, équilibré, et une vigne qui traverse l’été sans broncher.
Mis à jour le 21 juillet 2025
