Dans les vergers anciens de Bretagne, une scène se répétait discrètement : des capucines rampant au pied des vieux pommiers. Ce n’était ni pour faire joli, ni pour décorer. C’était une habitude, presque un réflexe, transmise de jardinier en jardinier, bien avant que l’on parle de permaculture ou de lutte biologique. Aujourd’hui, cette association revient sur le devant de la scène, portée par ceux qui veulent jardiner avec bon sens.
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Quels problèmes rencontrent les pommiers dans les vergers traditionnels ?
Le pommier, bien qu’emblématique des vergers bretons, n’est pas un arbre sans souci. Le puceron lanigère, notamment, est l’un de ses parasites les plus tenaces. Cet insecte, reconnaissable à ses amas cotonneux, affaiblit les branches, ralentit la circulation de la sève et compromet les récoltes. À cela s’ajoute la fatigue des sols, les attaques de vers, et la baisse progressive de biodiversité dans les vergers monoculturaux.
Pourquoi les capucines sont-elles plantées au pied des pommiers ?
Les capucines, qu’on croit souvent réservées aux massifs décoratifs, jouent en réalité plusieurs rôles au pied des arbres fruitiers. D’abord, elles servent de plantes-pièges : les pucerons lanigères s’y installent en priorité, détournés des branches du pommier. Ensuite, leurs racines libèrent dans le sol des composés qui repoussent naturellement certains vers et larves. Enfin, leurs fleurs attirent de nombreux pollinisateurs, utiles à l’écosystème du verger.
Une pratique ancrée dans la culture cidricole bretonne
En Bretagne, les vergers cidricoles ont longtemps fonctionné comme des microcosmes autosuffisants. On n’y trouvait pas que des pommiers, mais aussi des orties pour les purins, des consoudes, et très souvent des capucines. Dans certaines communes du Finistère et du Morbihan, les anciens rapportaient que « si les pucerons allaient aux fleurs, les pommes étaient bonnes à boire ». L’idée n’était pas formulée scientifiquement, mais elle traduisait une connaissance fine des interactions végétales. Cette coutume, bien que peu documentée officiellement, reste vivace dans les jardins de ceux qui perpétuent ces gestes simples et efficaces.
Que gagne-t-on aujourd’hui à réintroduire cette association ?
Remettre des capucines sous les pommiers, ce n’est pas seulement suivre une tradition. C’est recréer un équilibre. Dans un verger familial, c’est une manière de réduire l’usage des traitements chimiques, de favoriser une floraison plus riche et d’améliorer la santé du sol. C’est aussi une petite touche culinaire inattendue : les fleurs et feuilles de capucine, riches en vitamine C, apportent une saveur poivrée aux salades de saison.
Attention : les capucines peuvent rapidement couvrir le sol. Dans les zones humides comme la Bretagne, mieux vaut pincer régulièrement les tiges pour éviter qu’elles n’étouffent d’autres jeunes plantations ou herbes utiles.
Pourquoi cette méthode fait toujours ses preuves en Bretagne
Ce n’est pas un hasard si, en Bretagne, cette association entre pommier et capucine perdure. Là où le cidre est roi, les vergers sont souvent anciens, peu mécanisés, et entretenus de manière naturelle. La capucine y trouve sa place non par folklore, mais parce qu’elle y a toujours été utile. Comme souvent en jardinage, les solutions les plus efficaces sont celles qui ont traversé le temps sans faire de bruit.
Mis à jour le 3 juin 2025