Publié par Michel

Peut-on vraiment freiner l’invasion des frelons asiatiques avec des plantes carnivores ?

8 mai 2025

sarracenia
sarracenia

Vous en avez marre de voir les frelons asiatiques tourner autour de votre terrasse, semer la panique près des ruches ou attaquer vos fruits mûrs ? Vous n’êtes pas seul. Chaque été, leur présence devient plus pesante. Les pièges classiques déçoivent, les produits chimiques inquiètent. Et là, une solution inattendue fait parler d’elle : les plantes carnivores. Mais peuvent-elles vraiment changer la donne ?

Pourquoi les frelons asiatiques posent un vrai problème dans nos jardins

Introduits accidentellement en France au début des années 2000, les frelons asiatiques ont trouvé un terrain favorable pour proliférer. Une seule colonie peut compter jusqu’à 5000 individus. Leurs cibles préférées ? Les abeilles, mais aussi les autres insectes pollinisateurs, papillons, guêpes, et parfois même des oiseaux. Résultat : une perte dramatique de biodiversité locale, des ruches décimées et une pollinisation réduite.

À cela s’ajoute leur comportement agressif. Lorsqu’un nid est perturbé, les frelons attaquent en groupe. Le danger est bien réel, notamment pour les enfants ou les personnes allergiques. Leur présence près des maisons devient vite invivable.

Ce que font réellement les plantes carnivores face aux frelons asiatiques

Parmi les variétés les plus citées figure le Sarracenia, une plante carnivore nord-américaine. Elle attire les insectes grâce à un nectar sucré, puis les piège dans ses urnes glissantes où ils sont digérés lentement. L’idée semble séduisante : une plante qui piège les frelons à votre place, naturellement.

Mais dans la réalité, les chiffres sont à relativiser. En conditions optimales, un Sarracenia peut capturer 2 à 4 frelons par jour. Cela reste très limité face à une colonie entière. De plus, la plante ne fait pas la distinction : mouches, abeilles, papillons, tout ce qui tombe dans l’urne est digéré. C’est un outil passif, non sélectif, qui n’agit qu’à proximité immédiate.

Une solution complémentaire, mais pas suffisante

Oui, certaines plantes carnivores capturent des frelons asiatiques. Oui, leur présence peut contribuer à réduire la pression localement. Mais non, elles ne remplacent ni la détection des nids, ni les interventions professionnelles, ni les pièges sélectifs installés en hauteur. Les scientifiques sont clairs : le Sarracenia est intéressant à observer, mais son efficacité reste symbolique à l’échelle d’un jardin entier.

Avertissement : Placer des plantes carnivores sans comprendre leur fonctionnement peut être contre-productif. Mal positionnées ou mal entretenues, elles ne servent à rien. Et si elles sont trop nombreuses, elles peuvent nuire aux insectes utiles du jardin.

Ce qu’en disent les jardiniers et les spécialistes de la biodiversité

Certains particuliers rapportent une diminution des frelons autour de leur terrasse après l’installation de plusieurs Sarracenia. Martine, jardinière en Bretagne, confie : « J’ai installé six pieds autour de ma pergola, j’ai vu moins de frelons cet été. Mais il faut aussi piéger les nids au printemps, sinon ça ne sert pas à grand-chose. »

Du côté des spécialistes, le discours est plus prudent. Pour eux, ces plantes sont des alliées décoratives et pédagogiques, mais leur impact réel sur l’invasion reste très limité. En revanche, elles peuvent éveiller la curiosité, sensibiliser à la lutte naturelle et inciter à éviter les produits toxiques, ce qui est déjà un bon point.

Faut-il en installer chez soi malgré tout ?

Si vous cherchez une approche douce, naturelle et esthétique pour limiter la présence de frelons autour d’une table de jardin ou près de votre potager, le Sarracenia peut faire partie de votre arsenal. Mais il ne faut pas compter uniquement sur lui. Il doit s’inscrire dans une stratégie globale : élimination précoce des reines au printemps, suppression des nids en hauteur, utilisation de pièges sélectifs et, surtout, maintien d’une biodiversité équilibrée.

Installer quelques plantes carnivores peut donc être un geste complémentaire. Cela ne vous débarrassera pas des frelons asiatiques, mais cela peut participer à une dynamique plus large de gestion douce des nuisibles. Et c’est déjà une belle avancée.

Mis à jour le 8 mai 2025

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Michel Dupont est un expert passionné en agriculture durable et fondateur de EcoleDagriculture.fr, une plateforme éducative innovante dédiée à la formation et au développement des compétences dans le secteur agricole. Retrouvons-nous sur : 👉 notre page Facebook ! Et partagez nos articles, commentez, c’est le meilleur moyen de nous soutenir !

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