Publié par Michel

« Permis de détruire » la nature ? La nouvelle loi agricole fait polémique

21 février 2025

loi agricole
loi agricole

Un vent d’inquiétude souffle sur le monde de l’écologie. La nouvelle loi d’orientation agricole, adoptée récemment par le Sénat, est au cœur d’une vive controverse. Derrière des promesses de souveraineté alimentaire et de soutien aux agriculteurs, ce texte pourrait bien marquer un tournant dramatique pour la biodiversité. Les écologistes dénoncent une régression sans précédent, certains allant jusqu’à parler d’un « permis de détruire » accordé aux industriels de l’agriculture.

Un texte qui affaiblit la protection de la biodiversité

Depuis plusieurs années, la législation française impose des sanctions sévères en cas de destruction d’espèces protégées. Jusqu’à présent, une atteinte à la biodiversité pouvait être punie de cinq ans de prison et d’une amende allant jusqu’à 150 000 euros. Mais avec cette nouvelle loi, tout change.

Les sénateurs ont décidé de supprimer purement et simplement ces sanctions pénales pour ne laisser place qu’à une simple amende de 450 euros en cas de destruction d’espèces protégées. Une décision qui fait bondir les défenseurs de l’environnement. « C’est un feu vert donné à la destruction de la biodiversité, sans conséquence réelle pour ceux qui en sont responsables », s’indigne Marie Pochon, députée écologiste.

Un modèle productiviste qui inquiète

Au-delà de cette mesure, c’est toute l’orientation du texte qui inquiète les écologistes. Alors que le secteur agricole est à un tournant crucial, la loi privilégie une vision industrielle et productiviste, au détriment des pratiques plus durables et respectueuses de l’environnement. Les objectifs de surfaces agricoles dédiées au bio (21 % d’ici 2030) ont été supprimés, tout comme l’objectif de 10 % de légumineuses.

En clair, cette loi favorise un modèle intensif, gourmand en intrants chimiques et en pesticides. Loin d’encourager l’autonomie alimentaire de la France, elle pourrait au contraire accroître notre dépendance aux engrais et aux semences importées.

Une adoption précipitée et controversée

Ce qui choque encore plus, c’est la manière dont ce texte est passé. Le gouvernement veut aller vite, très vite. L’objectif est clair : boucler l’adoption définitive avant l’ouverture du Salon de l’agriculture. Un calendrier qui laisse peu de place au débat et qui alimente le sentiment d’un passage en force.

Une commission mixte paritaire, réunissant députés et sénateurs, doit désormais trouver un compromis. Mais avec une majorité acquise à la droite et au camp présidentiel, les écologistes craignent que leurs propositions soient balayées d’un revers de main.

Pourquoi cette loi pourrait être un tournant dramatique

Ce texte arrive à un moment critique. La crise agricole actuelle met en lumière les difficultés du secteur, mais elle ne doit pas être un prétexte pour sacrifier les avancées environnementales. En favorisant un modèle productiviste à court terme, on risque d’aggraver les crises de demain : pollution des sols, effondrement des populations d’insectes pollinisateurs, disparition des haies, épuisement des ressources en eau.

Le pire, c’est que cette loi ne répond même pas aux véritables attentes des agriculteurs. Les jeunes qui souhaitent s’installer rencontrent des difficultés majeures liées au foncier et au financement. Or, cette loi ne propose rien de concret pour les aider. Pire encore, elle les enferme dans un modèle où les marges sont écrasées par l’agro-industrie et la grande distribution.

Ce que vous pouvez faire

Face à cette situation, la mobilisation citoyenne est essentielle. De nombreuses associations appellent à la vigilance et encouragent les citoyens à interpeller leurs élus pour exiger une prise en compte réelle des enjeux environnementaux. Partager l’information, signer des pétitions, soutenir les agriculteurs engagés dans une transition écologique : chaque action compte.

Comme le rappelle Jean-François Silvain : « L’agriculture de demain ne pourra pas se contenter de produire plus. Elle devra produire mieux, en respectant le vivant et en s’intégrant harmonieusement dans son environnement. »

Ce texte, s’il est adopté en l’état, marquera un tournant. Reste à savoir si la société acceptera de voir reculer la protection de la nature au profit d’une vision dépassée de l’agriculture.

Mis à jour le 21 février 2025

4.3/5 - (3 votes)
Michel Dupont est un expert passionné en agriculture durable et fondateur de EcoleDagriculture.fr, une plateforme éducative innovante dédiée à la formation et au développement des compétences dans le secteur agricole. Retrouvons-nous sur : 👉 notre page Facebook ! Et partagez nos articles, commentez, c’est le meilleur moyen de nous soutenir !

Partager l'article :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *