Au jardin, tout ce qui sert deux fois vaut double. C’est cette logique très concrète qui a inspiré des maraîchers bretons à mettre en place une solution aussi simple qu’efficace : le paillage comestible. Au lieu de pailler le sol avec de la paille ou du foin, ils le couvrent avec des plantes que l’on peut aussi récolter pour manger. Une même culture, deux fonctions : protéger le sol, puis nourrir l’assiette.
Le principe est limpide : certaines plantes comme le pourpier, la tétragone ou l’arroche s’étendent rapidement, couvrent le sol comme un paillis vivant, puis se consomment comme des salades ou des légumes cuits. On les sème au printemps, et on les récolte dès juin. Ce système, testé en Bretagne, montre qu’il est possible de concilier rendement, autonomie alimentaire, et santé du sol.
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Pourquoi couvrir le sol avec des plantes comestibles
Le sol nu se tasse, séche, et laisse la place aux adventices. Le paillage classique est un bon réflexe, mais il peut être remplacé par une couverture vivante qui travaille pendant qu’elle pousse. Les plantes comme la tétragone ou l’arroche ombrent le sol, limitent l’évaporation, empêchent les mauvaises herbes de s’installer, tout en enrichissant le substrat de leur biomasse.
Ce choix permet également de produire des feuilles tendres et nutritives, proches des épinards ou des salades, qui viennent renforcer l’autonomie alimentaire du jardin familial ou collectif.
Comment choisir les bonnes plantes pour ce type de paillage
Trois espèces sont particulièrement adaptées : le pourpier, qui tolère bien la chaleur et pousse au ras du sol ; la tétragone, parfaite pour les climats doux et humides ; et l’arroche, qui monte plus haut et fournit un feuillage abondant. Toutes trois ont en commun une croissance rapide, un feuillage dense et une bonne valeur nutritionnelle.
Semées en mars ou avril, elles couvrent efficacement le sol avant l’arrivée des fortes chaleurs. En juin, elles peuvent être récoltées partiellement ou totalement selon les besoins. Ce sont des plantes rustiques, qui ne nécessitent ni traitement ni engrais spécifique.
Comment les semer et les entretenir facilement
Le semis se fait directement en place, en lignes ou en poquets, selon l’espace disponible. Il faut prévoir un arrosage régulier les premières semaines pour assurer une levée homogène. Une fois installées, ces plantes couvrent rapidement le sol. Elles peuvent être taillées pour stimuler la ramification ou laissées en pleine couverture si l’objectif est prioritairement de pailler.
Leur entretien est minimal : une surveillance contre la montée en graines précoce suffit. En zone ventée ou sèche, un paillage initial temporaire (type feuilles mortes ou paille fine) peut aider à protéger les semis.
Ce que ça change concrètement au jardin
En plus de protéger la structure du sol, ce type de paillage produit une récolte comestible et évite l’achat de matériaux extérieurs. Il s’inscrit parfaitement dans une logique d’autonomie, de jardinage à faible impact, et de bon sens paysan.
Dicton breton : « Gant ar pod ha gant ar plouz e vez eostet an norzh. » (Avec la marmite et la paille, on récolte le nord.)
Ce genre d’initiative remet le vivant au cœur du potager, sans surcoûts, sans déchets et avec un vrai retour gustatif. Il suffit d’une planche, de quelques graines, et d’un peu d’attention au rythme des saisons.
Mis à jour le 24 mai 2025