Sur les plages battues par les vents du nord, là où la mer dépose plus de galets que de sable, une plante discrète s’accroche à la vie. Elle résiste au sel, à la sécheresse, au froid. Pourtant, peu la connaissent. Et encore moins savent qu’elle est comestible, avec un goût iodé saisissant, proche de l’huître fraîche.
Ce végétal rare, longtemps oublié des cultures potagères, s’appelle Mertensia maritima. Aujourd’hui, alors que les jardins font face au réchauffement, à la sécheresse et à l’appauvrissement des sols, elle s’impose comme une candidate inattendue. Une plante vivace, nutritive, décorative, et incroyablement résistante.
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Pourquoi la Mertensia maritima intéresse autant les jardiniers ?
Parce qu’elle pousse là où presque rien ne tient : dans un sol caillouteux, pauvre, sans arrosage régulier, avec un froid parfois mordant. Et elle le fait avec élégance, en offrant des feuilles charnues à la saveur unique, légèrement salée, rappelant l’huître ou la mer.
Mertensia maritima — aussi appelée huître végétale — se plaît sur les côtes du nord de l’Europe, en particulier en Écosse, au Danemark ou en Norvège. Mais elle pousse aussi en France, en pleine terre ou en pot, si le sol est bien drainé et l’humidité hivernale limitée. Sa rusticité jusqu’à −30 °C et son besoin en eau extrêmement faible en font une alliée idéale dans les jardins secs ou de bord de mer.
Peut-on cultiver Mertensia maritima en France ?
Oui, mais à condition de respecter ses exigences naturelles. En pleine terre, elle s’épanouit sur un terrain très drainant, caillouteux, sablonneux, avec peu ou pas d’apport organique. En pot, il suffit d’un contenant de 40 cm avec un mélange sable-terreau-humus et un bon drainage.
Dans le nord et l’ouest de la France, elle tolère l’extérieur toute l’année. Ailleurs, il est préférable de la rentrer en hiver, ou de la protéger de l’humidité stagnante. Elle redoute surtout les sols lourds, argileux ou détrempés. Un emplacement mi-ombragé, à l’est ou à l’ouest, favorise une croissance douce sans stress thermique.
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Quel goût ont ses feuilles ?
Les feuilles de Mertensia maritima offrent une sensation iodée, fraîche et minérale. Le goût évoque l’huître, parfois même un soupçon de concombre salé, avec une texture tendre et juteuse.
Elles se consomment crues, en décoration ou dans des salades, mais supportent aussi une cuisson légère. L’arôme est plus intense sur les jeunes feuilles, et tend à s’estomper si on en consomme plusieurs à la suite. Leur usage se rapproche de celui des salicornes ou des herbes marines dans la cuisine de bord de mer.
Comment la planter et l’entretenir ?
On peut la semer ou la bouturer. Le semis exige une stratification à froid de 3 à 6 semaines, puis un semis dans un substrat léger au printemps. La germination est lente mais régulière. Pour une multiplication plus rapide, les boutures de racines ou de tiges fonctionnent bien, au printemps.
Un arrosage très modéré suffit, uniquement pour maintenir un fond de fraîcheur. En été, il faut éviter le dessèchement extrême, mais sans jamais détremper. En hiver, protéger de l’eau est plus important que protéger du froid. Un paillage minéral et un bon drainage suffisent dans la majorité des cas.
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Quels sont les risques et limites ?
Elle attire fortement les limaces, surtout au printemps. Il faut donc la protéger, en surélevant les pots ou en créant une barrière naturelle (cendre, coquilles broyées, pierre de lave). Elle peut aussi subir des attaques de pucerons si elle est cultivée en plein soleil dans un climat chaud.
Autre limite : son rythme lent. Elle ne produit pas de grandes quantités de feuilles, et ne supporte pas les récoltes agressives. Une taille légère après la floraison permet de stimuler la production sans l’épuiser.
Cette plante est-elle nutritive ?
Oui. Mertensia maritima est riche en oligoéléments. Ses feuilles concentrent du fer (jusqu’à 20 fois plus que l’épinard), du zinc, du manganèse, du potassium, mais aussi du calcium et du magnésium. Cela en fait une plante d’intérêt nutritionnel réel, au-delà de son arôme original.
Elle se conserve fraîche quelques jours, ou plus longtemps en saumure, comme les plantes halophiles (salicorne, obione). Son intégration dans une alimentation locale et sobre en ressources en fait une candidate précieuse pour l’avenir.
Une plante pour les sols pauvres et les jardiniers patients
Cultiver Mertensia maritima, c’est accepter un rythme lent, des récoltes modestes, mais aussi profiter d’une plante unique, robuste, qui transforme un coin de rocaille en jardin nourricier. Elle s’adresse à ceux qui cherchent à diversifier leurs cultures, à économiser l’eau, ou simplement à renouer avec des espèces oubliées.
Peu exigeante en soins mais sensible à l’excès, cette plante rare peut s’épanouir même dans les conditions les plus frugales. Elle offre, en échange, un feuillage au goût marin, et une vraie présence végétale. Parfaite pour les sols pauvres, les potagers urbains ou les jardins expérimentaux.
Mis à jour le 26 juillet 2025