Publié par Michel

Les pièges à phéromones peuvent aggraver l’invasion s’ils sont mal utilisés

5 juillet 2025

scarabee japonais
scarabee japonais

Vous pensiez avoir trouvé la solution parfaite pour vous débarrasser des insectes au jardin grâce aux pièges à phéromones ? Et si ces dispositifs aggravaient en réalité le problème ?

Dans de nombreuses jardineries, les pièges à phéromones sont vendus comme des produits miracles pour lutter contre les scarabées, mouches et autres nuisibles. Faciles à installer, sans pesticides et présentés comme écologiques, ils séduisent les amateurs comme les jardiniers plus aguerris. Pourtant, mal placés ou mal entretenus, ces pièges peuvent transformer une simple nuisance en invasion incontrôlable.

Avant de suspendre un piège au fond du jardin, mieux vaut comprendre son fonctionnement réel… et ses limites.

Comment fonctionne un piège à phéromones et pourquoi il attire autant

Le principe est simple : le piège diffuse une phéromone, substance chimique que les insectes perçoivent comme un signal naturel. Le plus souvent, il s’agit de phéromones sexuelles imitant l’odeur d’une femelle prête à l’accouplement. Résultat : les mâles affluent en masse, pensant trouver une partenaire. Une fois entrés dans le piège, ils ne peuvent plus ressortir, ce qui réduit la reproduction.

Mais ce leurre a un effet secondaire souvent sous-estimé. En diffusant une odeur irrésistible, le piège attire aussi tous les insectes environnants, parfois bien au-delà de votre jardin. C’est ici que le problème commence.

Placé au mauvais endroit, le piège attire les nuisibles… vers vos plantes

Un piège installé trop près des zones à protéger — arbres fruitiers, potagers ou massifs — risque d’avoir l’effet inverse de celui recherché. Les insectes attirés par la phéromone affluent, mais tous ne tombent pas dans le piège. Certains survolent l’appât sans y entrer. D’autres sont simplement déroutés ou trouvent le piège déjà plein. Leur réaction est immédiate : ils s’attaquent aux plantes les plus proches.

C’est notamment le cas du piège à scarabées japonais. Très efficace pour capturer les mâles, il peut, s’il est suspendu à moins de 10 à 15 mètres d’un massif de rosiers ou d’un verger, aggraver les dégâts en y dirigeant les insectes.

« Un piège trop proche des cultures sensibles devient une invitation à dîner pour les nuisibles. »

Pourquoi un piège plein devient inutile… voire contre-productif

Autre piège fréquent : oublier de vider régulièrement le contenu. Lorsqu’un piège est saturé, il cesse tout simplement de fonctionner. L’odeur des insectes morts peut même repousser les nouveaux venus, qui chercheront ailleurs… souvent sur les végétaux à proximité.

Ce phénomène crée une fausse impression d’efficacité. Le jardinier voit les insectes capturés et pense que le piège fait le travail. Pendant ce temps, une partie de la population continue à s’en prendre aux plantes, parfois en plus grand nombre qu’avant.

Les trois gestes simples pour rendre le piège efficace

Heureusement, bien utilisé, le piège à phéromones reste un allié précieux. Tout repose sur l’emplacement, l’entretien et la complémentarité avec d’autres actions.

D’abord, installer le piège à bonne distance des zones sensibles. Quinze mètres est une bonne règle de base. Ensuite, le vider très régulièrement — tous les un à deux jours en période de forte activité. Enfin, ne pas compter uniquement sur le piège : un passage quotidien avec un petit aspirateur à main permet d’éliminer manuellement les individus récalcitrants.

Cette approche combinée, commencée tôt en saison, donne des résultats concrets et visibles sans recours à des produits chimiques.

Pourquoi les pièges du commerce ne conviennent pas toujours à votre problème

Les pièges disponibles pour les particuliers sont souvent limités à quelques espèces : scarabées japonais, mouches de la pomme… Or, chaque phéromone est spécifique à un insecte. Utiliser le mauvais piège, c’est comme tendre un piège vide : il ne servira à rien et ne captera aucun nuisible, mais il peut en attirer d’autres de manière indésirable.

Les professionnels, eux, disposent de modèles plus variés et précis. En cas d’invasion sérieuse, demander conseil à une coopérative agricole ou à un spécialiste local permet d’éviter les erreurs de diagnostic.

Quand un piège devient un outil de surveillance plus qu’une solution

Enfin, certains pièges ne sont pas là pour capturer en masse, mais simplement pour détecter la présence d’un insecte. C’est le cas des pièges installés dans les parcs ou forêts pour repérer l’arrivée de ravageurs exotiques comme l’agrile du frêne. Dans ce cas, l’objectif est d’alerter, pas de contrôler.

Dans un jardin, on peut aussi adopter cette logique : utiliser les pièges pour savoir si l’insecte est là… puis adapter la réponse.

Mis à jour le 5 juillet 2025

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Michel Dupont est un expert passionné en agriculture durable et fondateur de EcoleDagriculture.fr, une plateforme éducative innovante dédiée à la formation et au développement des compétences dans le secteur agricole. Retrouvons-nous sur : 👉 notre page Facebook ! Et partagez nos articles, commentez, c’est le meilleur moyen de nous soutenir !

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