La terre est sèche, le soleil cogne fort, et pourtant un haricot grimpe, fleurit rouge feu, et laisse un sol plus riche qu’avant. Ce haricot-là, les Aztèques le cultivaient bien avant l’invention des engrais chimiques. Il s’appelle Phaseolus coccineus. Et il revient sur le devant de la scène, à l’heure où les potagers cherchent à survivre à la canicule.
Face à la fatigue des sols, au coût de l’eau et à la chaleur toujours plus intense, ce haricot ancien offre une triple promesse : résister aux fortes températures, nourrir sans engrais, et offrir une récolte généreuse. Voici pourquoi il séduit à nouveau jardiniers, maraîchers, et agroécologues.
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Qu’est-ce que le haricot magique des Aztèques ?
Phaseolus coccineus, aussi appelé haricot d’Espagne, haricot écarlate ou haricot grimpant rouge, est une plante vivace cultivée comme annuelle. Originaire des hautes terres d’Amérique centrale, il était cultivé par les Aztèques pour ses fleurs, ses gousses et ses graines nourrissantes.
Ses fleurs rouge vif attirent les pollinisateurs. Ses tiges grimpent facilement jusqu’à 3 mètres. Il produit de longues gousses vertes comestibles jeunes, et des graines colorées, riches en protéines, une fois matures.
Pourquoi enrichit-il naturellement le sol ?
Ce haricot fixe l’azote atmosphérique dans le sol grâce à des bactéries symbiotiques (rhizobium) présentes dans ses racines. Ce processus naturel transforme l’azote de l’air en nutriment assimilable par les plantes.
Résultat : le sol devient plus fertile sans apport extérieur. Les cultures suivantes bénéficient d’un effet « engrais vert ». C’est une plante idéale en rotation, notamment après une culture gourmande comme la tomate ou le maïs.
Peut-il vraiment pousser sous forte chaleur ?
Oui. Des études récentes, notamment en Autriche et au Mexique, montrent que certaines variétés de Phaseolus coccineus résistent à des pics de chaleur dépassant 35 °C, mieux que le haricot commun (Phaseolus vulgaris).
Cette tolérance thermique est liée à ses origines en altitude tropicale, où les écarts de température sont extrêmes. Certaines variétés sélectionnées continuent à fleurir et fructifier malgré le stress thermique, ce qui en fait un atout en climat sec ou méditerranéen.
Comment le cultiver efficacement ?
Il se sème en pleine terre à partir de mai, dès que la température dépasse 15 °C. Le sol doit être meuble, bien drainé, légèrement acide à neutre (pH 6,5 à 7,5). Enterrez les graines à 3 cm, en espaçant de 20 cm sur la ligne et 50 cm entre les rangs.
Prévoir un support solide (grillage, tipi, treillis). Arrosez au pied sans excès. En sol pauvre, un peu de compost au départ suffit. Évitez les excès d’azote qui favorisent le feuillage au détriment des fleurs.
Est-ce un haricot comestible ?
Oui, entièrement. Les jeunes gousses se consomment comme des haricots verts. Les graines matures, séchées ou fraîches, sont très nourrissantes, proches du haricot sec classique.
Les fleurs sont aussi comestibles, légèrement sucrées, décoratives en salade. Attention toutefois : les graines crues contiennent des lectines. Il faut les cuire 10 minutes minimum après trempage pour neutraliser ces composés.
Quels sont ses bénéfices nutritionnels ?
Les graines de Phaseolus coccineus sont riches en protéines végétales, en fibres, en fer et en antioxydants. Elles présentent une meilleure digestibilité après cuisson et apportent une bonne satiété.
Leur forte teneur en polyphénols et fibres fermentescibles les rend intéressantes pour la santé intestinale, notamment en alimentation végétarienne ou semi-végétale.
Quelle est son utilité en permaculture ou agriculture sèche ?
Par sa capacité à couvrir rapidement le sol, à enrichir la terre et à produire sans irrigation excessive, le haricot écarlate est une plante clé en agriculture résiliente. Il fonctionne bien en association avec le maïs et la courge, selon le modèle des « trois sœurs » utilisé par les peuples précolombiens.
Il est aussi utile pour stabiliser les sols en pente ou sensibles à l’érosion. Sa floraison attire les abeilles et améliore la pollinisation du potager.
Existe-t-il des contraintes à connaître ?
Oui. Il redoute l’excès d’humidité et les sols lourds. Les gousses deviennent vite fibreuses si on attend trop. Il peut être sensible à la rouille ou à l’anthracnose, surtout en conditions humides.
Enfin, toutes les variétés ne se valent pas : certaines sont surtout ornementales et peu productives. Mieux vaut choisir une souche locale adaptée au climat, comme les variétés autrichiennes ou calabraises sélectionnées pour la chaleur.
Un haricot d’avenir ?
Le haricot magique des Aztèques coche toutes les cases : productif, peu exigeant, bon pour la terre et pour l’assiette, résistant à la chaleur… C’est une plante-pivot pour repenser les potagers face aux étés brûlants.
À chacun de trouver la bonne variété, de l’intégrer à son système, et de tester ses usages. Car ce haricot n’est pas juste ancien : il est peut-être le plus moderne de tous.
Mis à jour le 18 juillet 2025