Dès les premières pluies de septembre, de jeunes pousses indésirables commencent à coloniser les moindres parcelles de sol nu. Beaucoup de jardiniers l’observent chaque année : à peine l’été terminé que le jardin semble déjà leur échapper. Les mauvaises herbes profitent de la transition saisonnière pour s’installer tranquillement avant les grands froids. Et l’hiver devient alors une période silencieuse mais efficace pour leur enracinement.
Ce phénomène n’a rien d’exceptionnel. La plupart des adventices ne dorment pas vraiment pendant la saison froide. Elles s’installent bas, discrètement, et attendent le printemps pour exploser. Sans action préventive, elles sont presque impossibles à éradiquer sans interventions lourdes. Pourtant, il existe une solution naturelle, simple, mais encore trop peu utilisée : semer un couvre-sol stratégique au bon moment. Et parmi eux, le trèfle blanc s’impose.
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Pourquoi les mauvaises herbes prolifèrent-elles autant en hiver ?
Dès que les températures chutent sous les 15°C, certaines graines de mauvaises herbes trouvent des conditions idéales pour germer. Le sol est humide, l’activité biologique ralentit, les espaces libres abondent. Mouron, pâturin, lamier… Ces plantes s’installent en rosette et forment des colonies invisibles mais déjà bien enracinées. Une fois l’hiver passé, elles prennent l’avantage sur toutes les autres cultures.
Un sol nu à l’automne agit comme une invitation ouverte. Chaque mètre carré non occupé peut se transformer en zone problématique au printemps suivant. Les méthodes classiques – bâches, désherbants, paillage – sont utiles, mais souvent coûteuses, peu écologiques ou inefficaces à long terme.
Le trèfle blanc : une couverture végétale qui empêche les mauvaises herbes d’apparaître
Le trèfle blanc, ou Trifolium repens, présente des caractéristiques particulièrement intéressantes. Sa croissance rapide permet de couvrir une grande surface en quelques semaines. Grâce à ses stolons rampants, il forme un maillage serré, privant les graines de mauvaises herbes de lumière. Sans lumière, aucune germination n’est possible.
Autre avantage : il fixe l’azote atmosphérique, enrichissant le sol naturellement sans besoin d’engrais chimiques. Sa résistance au froid lui permet de continuer à se développer même en plein mois de janvier. Une fois bien installé, il agit comme un bouclier végétal, limitant également l’érosion et l’évaporation. Il s’adapte aussi bien aux zones ensoleillées qu’aux coins ombragés où la mousse s’installe habituellement.
Quand et comment semer le trèfle blanc pour éviter les mauvaises herbes ?
La fenêtre idéale pour le semis se situe entre début septembre et mi-octobre, tant que la température du sol reste suffisante pour assurer une levée rapide. La surface à ensemencer doit être nettoyée à la main, sans retournement excessif. Un simple passage à la binette, suivi d’un ratissage léger, suffit.
Les graines se sèment à la volée, à raison de 10 à 15 g par m², puis sont légèrement enfouies en surface. Un tassement doux permet un bon contact entre la graine et le sol, condition essentielle à la germination. Certains préfèrent mélanger les graines avec un peu de sable sec pour faciliter une répartition plus homogène. Une planche pour tasser ou le dos d’un râteau peut suffire à faire adhérer les graines au sol.
Un arrosage fin mais généreux est essentiel pendant les 10 à 15 premiers jours. Ensuite, l’humidité naturelle de l’automne prend généralement le relais. Le semis peut aussi être facilité en tondant très court juste avant une pluie prévue : cela expose mieux la surface du sol et favorise l’installation du trèfle.
“Semer trop tard dans la saison réduit considérablement l’efficacité du trèfle blanc. Passé la mi-octobre, la levée peut être incomplète, laissant des ouvertures aux mauvaises herbes.”
Des résultats visibles dès le premier hiver
Les premiers effets sont généralement observables dès quatre à six semaines après le semis. Le sol se couvre d’un tapis dense, vert et régulier. Là où d’habitude apparaissent les premières repousses de chiendent ou de mouron, rien ne perce. Même dans les zones auparavant dominées par la mousse, notamment à l’ombre, le trèfle parvient à s’imposer.
Il peut aussi être combiné à d’autres couverts, comme la phacélie, pour créer des alliances bénéfiques. Dans ce cas, une première tonte rase du trèfle permet à la lumière d’atteindre le sol et facilite la germination d’espèces compagnes. L’ensemble crée un couvert vivant, très efficace contre les intrusions indésirables.
Et au printemps, faut-il tout arracher ?
Pas forcément. Le trèfle blanc peut cohabiter avec de nombreuses plantes potagères : tomates, courges, salades. Il suffit de tondre bas les zones de culture, ou de faire un faux semis en surface pour faciliter les plantations. D’autres choisissent de le faucher et de l’enfouir pour nourrir la terre avant d’y semer autre chose. Dans les allées ou autour des fruitiers, il peut rester en place toute l’année.
Ceux qui souhaitent l’intégrer à un gazon peuvent aussi le faire dès l’automne. Il est recommandé d’en semer environ 5 à 7 % du poids total du mélange de graines. Cela permet d’obtenir un gazon mixte, plus résistant à la sécheresse, moins gourmand en arrosage et qui reste vert même en plein été.
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Et dans votre jardin, le sol reste-t-il nu l’hiver ?
Beaucoup de jardiniers cherchent aujourd’hui des solutions simples et efficaces pour limiter le désherbage et préserver la vie du sol. Le trèfle blanc offre une alternative accessible, naturelle, et durable. Ceux qui l’ont testé le recommandent volontiers.
Et vous ? Avez-vous déjà tenté un semis de couvre-sol à l’automne ? Quelles ont été vos observations ? Vos retours d’expérience sont bienvenus en commentaire.
Mis à jour le 7 septembre 2025
9 réponses
Bonjour,
Votre article m’intéresse.
Quelle espèce et variété utilisez vous ?
J’ai une plantation de grenadiers que je voudrais couvrir en permanence principalement avec des légumineuses.
Je suis en terre de boulbène donc difficile (Gers).
Que pourriez-vous me conseiller.
Bonne journée.
Laurent BURGY
Bonjour Laurent,
pour un couvert permanent sous grenadiers, le trèfle blanc nain (variété Trifolium repens « Rivendel » ou « AberAce ») est une bonne solution : il reste bas, couvre bien et s’adapte aux terres lourdes comme la boulbène.
M’ouais … pas si évident dans la réalité…si l’arrosage ou la pluie manquent la levée peut prendre plusieurs mois… Il y a aussi des plantes qui ne se laissent pas étouffer comme ça, notamment, le pissenlit. Ensuite l’enracinement du trèfle lorsqu’il a réussi à lever, est très , très important, et , il assèche beaucoup le sol . Ne pas hésiter à chauler dans les terres acides , sinon le trèfle ne mangera jamais les mousses .
Maître de l’engrais, complet , sera aussi très favorable au trèfle
Chaux avant semis d’automne. Engrais npk début février. . .
Merci Pedro !
Bonjour, bel article merci. Je suis en train de faire une terrasse en trèfle et j enlève les graviers qu il y avait auparavant. Malheureusement ce matin , je découvre une petite dalle sous les graviers. Pouvez-vous me dire qu’elle épaisseur de terre est nécessaire pour le trèfle ? Merci. Bien à vous.
Bonjour Nathalie et merci pour votre compliment !
Pour répondre à votre question : Il faut au moins 15 à 20 cm de bonne terre au-dessus de la dalle pour que le trèfle s’enracine et couvre bien la terrasse.
Bonjour, j’ai semé du trèfle blanc au printemps 2024 et en 2025, mon terrain était couvert de trèfle vert, vigoureux et à entretien minimum. Je l’ai coupé régulièrement pendant l’été mais comme il est actuellement, en septembre, couvert de fleurs, j’aimerais le laisser pousser. Est-ce que le trèfle cessera de pousser? Est-ce qu il y a inconvénients à le laisser pousser? Pourrais-je semer du thym au travers ? Vos conseils à ce sujet seraient appréciés.
Merci
Bonjour Odette,
Vous pouvez tout à fait laisser le trèfle fleurir, il cessera sa pousse avec l’automne sans inconvénient. Le thym pourra se semer entre, mais il demandera plus de soleil et un sol bien drainé pour s’installer.