Il suffit d’un coup de vent, d’un arrosage maladroit ou d’un plant trop serré : une tige de tomate casse, et on la jette. Ce geste, anodin en apparence, se répète dans des milliers de potagers chaque année. Pourtant, ces tiges cassées ou secondaires souvent appelées « gourmands » peuvent donner naissance à de nouveaux plants, sains, productifs… et gratuits.
Le vrai problème, c’est qu’on sous-estime leur potentiel. Le plant de tomate, pourtant l’un des plus cultivés en jardin amateur, regorge de ressources souvent mal exploitées. Laisser partir à la poubelle ou au compost ces tiges, c’est passer à côté d’une réserve naturelle de jeunes plants à fort rendement. Et à l’heure où les semences coûtent cher, où les aléas climatiques demandent des cultures résilientes, ne pas utiliser ces repousses, c’est perdre un coup d’avance.
Heureusement, de plus en plus de jardiniers amateurs ou aguerris ont changé de réflexe. Ils bouturent, multiplient, replantent… et récoltent plus, sans dépenser plus.
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Peut-on vraiment replanter une tige cassée de tomate ?
La réponse est oui ! Et c’est d’ailleurs une technique très ancienne, remise au goût du jour par les jardiniers urbains et les cultivateurs en permaculture. Le plant de tomate possède un pouvoir d’enracinement exceptionnel. Ses tiges développent naturellement des radicelles dès qu’elles touchent un sol humide.
Une tige cassée ou coupée volontairement peut donc être plongée dans un verre d’eau pendant quelques jours. Très vite, des racines apparaissent. Ensuite, il suffit de la mettre en terre (ou en pot), de la maintenir au frais quelques jours, et elle se transforme en un nouveau plant.
Ce procédé, connu sous le nom de bouturage de tomates, est particulièrement utile en cours de saison : il permet de rattraper un plant perdu, d’étendre ses cultures ou même de relancer une nouvelle vague de production en fin d’été.
Pourquoi cette méthode peut booster la production jusqu’à 30 % ?
Quand on multiplie ses plants sans passer par la case semis, on gagne du temps. Une bouture enracinée donne un pied de tomate plus vite productif qu’un semis classique. Elle atteint sa maturité en quelques semaines, surtout si elle est bien exposée et installée dans un sol riche.
En replantant stratégiquement ces tiges récupérées, par exemple, autour d’un plant principal ou dans une jardinière de secours, on peut augmenter son rendement global. Plusieurs jardiniers amateurs sur les forums spécialisés rapportent avoir ainsi « sauvé » leur saison après une grêle ou un été trop sec.
C’est le cas de Gilles, 64 ans, jardinier en région toulousaine :
« J’ai replanté quatre tiges cassées fin juin, mises en pot avec du terreau de récup… Elles ont toutes repris. En août, j’avais des tomates cerises partout. J’aurais dû le faire plus tôt ! »
Comment savoir si une tige est viable pour être replantée ?
Tout ne se récupère pas. Une tige malade, molle ou atteinte par le mildiou ne doit jamais être replantée, même si elle paraît intacte. Le risque de contamination du sol ou des autres plants est réel. On privilégiera les tiges saines, d’apparence vigoureuse, avec au moins une paire de feuilles bien formées.
« Ne plantez jamais une tige qui a été coupée après une pluie ou un orage : l’humidité piégée dans les tissus favorise les champignons invisibles à l’œil nu », rappelle un formateur en agroécologie sur un groupe Telegram de jardiniers.
Une fois la tige sélectionnée, il faut la couper proprement avec un outil désinfecté, retirer les feuilles les plus basses, puis la plonger dans l’eau claire. Changer l’eau tous les deux jours évite le pourrissement. Les premières racines apparaissent sous une semaine dans la majorité des cas.
Quand et où replanter ces nouvelles pousses ?
Les mois de juin, juillet et début août sont les plus favorables. À cette période, la température du sol est idéale pour favoriser l’enracinement rapide, sans choc thermique. En pleine terre ou en pot, on choisira un sol meuble, enrichi si possible, et on arrose modérément les premiers jours. Un ombrage léger peut être utile si la chaleur est intense.
Une fois le plant installé, il se comporte exactement comme un plant issu de semis : il fleurit, fructifie, produit… parfois même mieux, car issu d’un pied déjà bien adapté au microclimat local.
Et après ? Multiplier ses tomates devient un réflexe de saison
Cette technique, à force d’être testée, s’est transformée en habitude pour beaucoup. Dans les potagers collectifs, on organise des trocs de tiges enracinées. Sur les forums, les jardiniers comparent la vitesse de reprise selon les variétés. Et dans les familles, certains n’achètent plus de semences depuis des années.
Ce simple réflexe, ne pas jeter mais replante, change le rapport au jardin. Il redonne une forme d’autonomie douce, adaptée aux petits espaces comme aux grandes parcelles.
Et vous ? Avez-vous déjà tenté de replanter une tige de tomate cassée ? Partagez vos retours ou vos astuces en commentaire, c’est souvent là que naissent les meilleures idées.
Mis à jour le 23 septembre 2025