Fin d’automne. Le jardin s’endort, les massifs se dégarnissent, et sous les feuilles tombées, les mauvaises herbes se réveillent déjà. Un vert discret s’infiltre entre les pierres, au pied des haies, dans les coins d’ombre qu’on oublie toujours. On se dit qu’on verra ça au printemps, quand il fera plus doux. Mais au printemps, elles seront partout.
Pourtant, il existe une manière simple de leur couper la route avant même qu’elles ne repartent. Pas de désherbant, pas de bâche étouffante : une plante vivante, tenace et belle, qui travaille à notre place. Elle s’appelle la pervenche, ou Vinca pour les puristes. Et novembre est le moment idéal pour la mettre en terre.
Sommaire
Une alliée discrète dans les coins les plus ingrats
La pervenche est de ces plantes qu’on remarque à peine au début. Elle s’installe sans bruit, au ras du sol, entre deux pierres, sous un arbre, là où la lumière se fait rare. Puis, doucement, elle tisse un tapis vert serré qui empêche toute herbe indésirable de passer. Ses tiges rampantes s’enracinent d’elles-mêmes, chaque nœud devenant un nouveau pied. En quelques saisons, le sol nu devient un sous-bois miniature.
Le plus étonnant, c’est sa capacité à s’adapter. Sol argileux, terre calcaire, ombre épaisse ou bord d’allée humide : elle se contente de ce qu’on lui donne. Certains jardiniers la plantent même au bord d’un bassin, où ses feuilles luisantes contrastent avec l’eau sombre. D’autres la glissent sous des pins, entre les aiguilles tombées, pour habiller un terrain sec et acide. Elle s’y étale tranquillement, sans rien demander.
« La pervenche, c’est un peu la plante des oubliés du jardin : celle qui réussit là où tout le reste a renoncé. »
Le bon geste à faire en novembre
Planter la pervenche à l’automne, c’est lui offrir une avance sur tout le monde. Le sol est encore tiède, les pluies sont régulières, et les racines ont tout l’hiver pour s’ancrer. Pas besoin d’engrais sophistiqué : un trou, un peu de compost si la terre est pauvre, et c’est tout. L’important, c’est l’espacement. Trente à quarante centimètres entre chaque motte, pas plus, pour qu’elles se rejoignent sans se gêner.
Certains jardiniers préfèrent ne pas acheter du tout. Ils prélèvent simplement une tige rampante d’un vieux pied, la posent sur le sol, recouvrent légèrement de terre. En quelques semaines, elle s’enracine et repart. Ce bouturage “au naturel” permet de tapisser une grande surface sans dépenser un centime. Et ça marche même en hiver doux.
Quand la nature fait le ménage à votre place
Une fois installée, la pervenche s’occupe du reste. Son feuillage épais bloque la lumière au sol : les herbes indésirables n’ont plus la moindre chance de germer. Plus besoin de sarclage, plus de bêchage à genoux. Le sol reste frais, vivant, protégé du soleil d’été et des pluies battantes. En prime, dès mars, des fleurs bleues ou blanches s’invitent entre les feuilles vernissées, comme un remerciement silencieux.
Un jardinier m’a confié qu’il avait planté six petits godets au pied d’un vieux cerisier, là où rien ne voulait pousser. Trois ans plus tard, il ne reconnaissait plus l’endroit : un tapis dense, sans une mauvaise herbe, vert même en janvier. Depuis, il répète la scène sous chaque arbre du jardin.
Une vigueur à canaliser
Si la pervenche gagne toutes ses batailles contre les herbes sauvages, elle ne fait pas toujours la différence entre l’ennemi et le voisin. Sa croissance rapide peut la rendre un peu envahissante. Certains l’ont vue franchir les bordures et coloniser un talus entier. Rien d’inquiétant, à condition de lui tracer des limites claires. Une bordure enterrée, un coup de bêche par an pour couper les tiges trop aventureuses, et elle reste à sa place.
Cette vigueur, c’est justement ce qui en fait une alliée redoutable. Là où tout échoue, au nord d’un mur, sous un arbre, dans une terre ingrate, elle s’installe sans se plaindre. Et elle ne demande rien en retour, sinon un peu d’espace pour respirer.
Un dernier soin avant l’hiver
Une fois la plantation terminée, un paillage léger suffit à maintenir l’humidité et à protéger les jeunes racines. Si l’hiver s’annonce sec, un arrosage par temps doux peut aider les plants à bien s’ancrer. Ensuite, on peut l’oublier. Elle passera le gel sans broncher, repartira au printemps, et chaque année, son tapis s’épaissira un peu plus.
Dans quelques saisons, on ne verra plus la terre. Seulement un couvert vert, dense, brillant, qui remplace la corvée de désherbage par une forme douce d’équilibre. La nature travaille, mais cette fois, elle est de notre côté.
Nos lecteurs apprécient : Comment stabiliser un talus en pente ? 8 vivaces ultra-efficaces à adopter
Et vous, où la planteriez-vous ?
Un pied de mur nu, une bande d’ombre sous un arbre, un talus fatigué ? Les endroits délaissés sont souvent ceux qui méritent le plus d’attention. Essayez, observez, adaptez. Et si la pervenche s’y plaît, elle vous le fera savoir. Dites-nous où elle a pris chez vous : c’est souvent des jardins les plus discrets que viennent les meilleures idées.
Mis à jour le 5 novembre 2025
2 réponses
Est-ce que la pervenche peut survivre au Québec ?
Oui, elle peut survivre au Québec, surtout la petite pervenche (Vinca minor). Elle résiste très bien au froid et repart chaque printemps si le sol est bien drainé. Un paillis léger en hiver suffit souvent à la protéger.