Publié par Michel

« Depuis que je le fais chaque hiver, plus aucun ver dans mes pommes » : la méthode naturelle qui marche

6 novembre 2025

un ver dans une pomme
un ver dans une pomme

Au moment où les feuilles finissent de tomber, la plupart des jardiniers rangent leurs outils et ferment la saison. Pourtant, c’est précisément là que commence le vrai combat : celui contre les vers des pommes. Invisibles, discrets, ils s’abritent sous l’écorce, prêts à reprendre du service dès les premiers rayons du printemps. Et quand on croque enfin dans un fruit, c’est souvent la désillusion : un petit tunnel brun, un ver bien installé… tout un été réduit à néant.

On pense souvent que le froid fait le ménage. Que le gel détruit œufs et larves. C’est faux. Sous la mousse, entre deux fissures du tronc, les parasites dorment tranquillement, à l’abri des intempéries. Chaque hiver passé sans traitement naturel, c’est une génération d’insectes de plus qui prépare son festin à venir. Et le pire, c’est qu’ils reviennent plus nombreux chaque année.

Mais il existe un geste simple, presque oublié, transmis de main en main dans les campagnes. Un rituel d’hiver qui, appliqué au bon moment, stoppe le cycle avant qu’il ne redémarre. Une poignée de chaux, un peu d’eau, et le verger respire à nouveau.

Pourquoi les parasites des fruitiers survivent malgré le gel

Le carpocapse, le puceron cendré ou encore la cochenille sont de vrais stratèges. À la chute des feuilles, ils se réfugient sous l’écorce, profitant de chaque anfractuosité pour s’isoler du froid. Leurs œufs y passent l’hiver sans difficulté. En février ou mars, quand la sève remonte, les larves sortent et gagnent les jeunes pousses, invisibles à l’œil nu. En quelques jours, le mal est fait. Les premiers fruits formés sont déjà piqués avant même d’avoir grossi.

Un jardinier raconte avoir découvert des dizaines de cocons logés dans les crevasses de son vieux pommier en plein mois de janvier. Rien d’anormal à première vue, pourtant les dégâts étaient là. C’est à ce moment qu’il a compris que le vrai traitement ne se faisait pas au printemps, mais en plein hiver.

Le badigeon au lait de chaux, une barrière naturelle et efficace

La solution qu’il applique désormais chaque année est d’une simplicité déconcertante : un badigeon au lait de chaux. Ce mélange ancestral, obtenu avec un kilo de chaux éteinte et un peu plus d’un litre d’eau, forme une pâte onctueuse que l’on étale sur le tronc. En séchant, la chaux crée une barrière qui assèche les fissures et empêche les larves de se réfugier. Sa blancheur, elle, réfléchit la lumière du soleil hivernal, évitant les gerçures de l’écorce dues aux chocs thermiques.

Certains ajoutent un verre de savon noir liquide pour cinq litres de lait de chaux : cela améliore l’adhérence sur le tronc et renforce la protection contre l’humidité. D’autres préfèrent chauffer légèrement l’eau avant de mélanger pour activer la réaction de la chaux, mais tous s’accordent sur une règle : toujours verser la chaux dans l’eau, et non l’inverse, pour éviter les projections.

Attention : il ne faut jamais appliquer ce mélange sur un tronc humide ou gelé. Le lait de chaux risquerait de mal adhérer et d’abîmer l’écorce fine des jeunes arbres. Choisissez une journée sèche, entre la Toussaint et la mi-décembre.

Le rôle clé de la bande de glu pendant l’hiver

Pour compléter l’effet du badigeon, une autre astuce revient souvent : la pose d’une bande de glu autour du tronc. Placée à environ trente centimètres du sol, elle intercepte tous les insectes rampants — fourmis, chenilles ou larves — qui tentent de grimper durant les redoux hivernaux. Ce piège mécanique, sans produit toxique, renforce l’efficacité du traitement. Un simple contrôle visuel en février suffit : si la bande est couverte de débris ou de feuilles, on la remplace. Ce petit entretien évite bien des infestations printanières.

Les erreurs fréquentes à éviter

Beaucoup négligent l’étape du nettoyage du tronc avant d’appliquer le lait de chaux. Les mousses et lichens peuvent retenir l’humidité et empêcher la bonne adhérence du mélange. Il faut donc brosser délicatement avec un couteau à écorce ou une brosse douce avant d’étaler le badigeon. Autre erreur classique : en mettre trop épais. Une couche fine et homogène suffit largement, et permet à l’arbre de respirer tout en restant protégé.

Certains jardiniers, plus expérimentés, rappellent aussi que la chaux n’est pas neutre : elle détruit les larves nuisibles, mais peut aussi perturber les micro-insectes utiles s’ils hivernent sur le tronc. D’où l’intérêt de limiter l’application à la base du tronc et d’éviter les zones de bourgeonnement. Une approche mesurée, plus respectueuse du vivant.

Nos lecteurs ont apprécié : Pourquoi les jardiniers bretons plantent des capucines sous leurs pommiers depuis des générations

Des résultats visibles dès le printemps

Quelques mois après l’application, la différence saute aux yeux. Les troncs paraissent plus sains, les mousses ont disparu, et surtout, les fruits ne présentent plus de traces de piqûres. Dans un petit verger familial, un jardinier raconte n’avoir retrouvé aucun fruit véreux pour la première fois depuis dix ans après avoir répété ce rituel deux hivers de suite. La floraison s’est montrée plus homogène, et la vigueur générale des arbres a augmenté, signe d’un équilibre retrouvé.

Un rituel d’hiver à transmettre

Ce geste, répété chaque fin d’automne, devient vite un moment à part au jardin. On y prend goût : le bruit du pinceau sur le tronc, la texture de la chaux, l’impression d’offrir une protection tangible aux arbres avant les froids. Il suffit de peu, un seau, un peu de patience et quelques heures avant la première gelée, pour préparer une récolte saine et abondante. C’est un lien silencieux entre l’homme et son verger, entre soin et observation.

Et vous, avez-vous déjà tenté cette méthode ou une variante naturelle pour vos fruitiers ? Partagez vos résultats, vos dosages, vos petites trouvailles hivernales : c’est souvent dans ces échanges d’expériences que naissent les meilleurs conseils.

Mis à jour le 6 novembre 2025

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Michel Dupont est un expert passionné en agriculture durable et fondateur de EcoleDagriculture.fr, une plateforme éducative innovante dédiée à la formation et au développement des compétences dans le secteur agricole. Retrouvons-nous sur : 👉 notre page Facebook ! Et partagez nos articles, commentez, c’est le meilleur moyen de nous soutenir !

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11 réponses

    1. Bonjour,

      Oui, la cendre peut aider, mais pas pour remplacer le lait de chaux. Elle assèche un peu les fissures et dérange certains parasites, mais elle n’adhère pas au tronc et se lessive vite avec la pluie. Pour un vrai effet protecteur en hiver, le badigeon à la chaux reste nettement plus fiable.

    1. Bonjour David,

      Cela veut simplement dire d’appliquer le badigeon surtout sur la partie basse du tronc, là où les larves se cachent le plus. Pas besoin de monter haut : de la base jusqu’à environ 80 cm suffit largement.

  1. Je fais la même chose avec de la cendre de bois avec de l’eau , le tronc reste gris quasi tout l’hiver, depuis plus de parasites et c’est un excellent engrais naturel.

    1. Bonjour, utilisez de la chaux éteinte (chaux aérienne), jamais de chaux vive ni hydraulique — elle est plus douce pour l’écorce et parfaitement adaptée au badigeon d’hiver.

  2. Je l’ai fait avec de la cendre en mars le tronc est toujours noir à ce jour et cette été nous avons eu énormément de prunes très peu abîmées

  3. Bonjour Michel.
    Je m’insurge toujours contre la glu. C’est catastrophique, pour les bons insectes et surtout les oiseaux qui ont besoin de s’alimenter. Comment peut on conseiller ça ?😡 Merci, Michel d’y penser.

    1. Bonjour Mireille. Je comprends votre réserve. La glu n’est utile que si elle est posée strictement sur le tronc, en bande étroite et contrôlée régulièrement. Posée correctement, elle n’attrape ni oiseaux ni auxiliaires ailés. L’erreur vient souvent d’un placement trop large ou trop haut. Pour ceux qui préfèrent s’en passer, le badigeon seul fonctionne déjà très bien, surtout en hiver.

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