À cette période de l’année, vos rosiers grimpants sont en pleine gloire. Les rameaux s’étirent, les fleurs s’ouvrent par dizaines, et le parfum emplit le jardin. Pourtant, au-delà de cette beauté passagère, il y a une occasion discrète à ne pas manquer : celle de multiplier gratuitement vos rosiers préférés. Beaucoup pensent qu’il faut attendre l’automne pour bouturer, mais l’été offre aussi sa fenêtre. Et pas n’importe laquelle : c’est souvent là que les tiges ont la vitalité nécessaire pour donner naissance à une nouvelle plante, solide et fidèle.
Mais voilà le hic : en plein été, tout semble jouer contre vous. La chaleur, le risque de dessèchement, la vigueur de la plante encore en fleur… Alors on hésite. Pourtant, avec quelques gestes précis et un brin d’anticipation, il est tout à fait possible de bouturer vos rosiers grimpants au cœur de leur floraison. Et parfois, c’est même la meilleure période. Voici comment faire — sans forcer, sans surinterpréter, simplement en lisant ce que la plante vous montre.
Avertissement : Ne prélevez jamais de boutures sur des rameaux encore en floraison active. Vous affaibliriez la plante mère et compromettriez vos chances de reprise. Attendez la fin d’un cycle de floraison sur un rameau secondaire avant d’intervenir.
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Quel type de tige choisir pendant la floraison d’été ?
Contrairement à une idée tenace, il ne faut pas couper là où c’est beau, mais là où la pousse commence à mûrir. C’est-à-dire là où le bois se forme lentement, où la sève circule encore sans excès, et où la plante commence à « poser ses valises ». C’est ce qu’on appelle une tige semi-aoûtée. Elle n’est ni trop tendre, ni déjà rigide. C’est le moment charnière, celui où une bouture peut développer des racines sans puiser dans ses forces au détriment de sa structure.
Repérez donc ces tiges secondaires, issues d’une branche principale qui vient de fleurir. Elles ne portent plus de boutons, mais ont encore quelques feuilles bien vertes. Ce sont elles que vous allez prélever, pas les tiges fleuries, ni les pousses toutes jeunes, encore trop gorgées d’eau.
Comment réussir la coupe et préparer la bouture ?
Une fois la tige sélectionnée, coupez-la proprement sous un nœud, sur environ 15 à 20 cm. Supprimez toutes les feuilles du bas et ne conservez que les deux du haut. Cela limitera la transpiration et recentrera la future plante sur son enracinement. Certains trempent la base dans de la poudre d’hormones, d’autres dans du miel ou de l’eau de saule. Ce n’est pas indispensable, mais ça peut donner un petit coup de pouce, surtout si les conditions sont difficiles (chaleur, air sec, substrat pauvre).
Le plus important reste la qualité du substrat : léger, drainant, aéré. Un mélange moitié sable, moitié terreau fonctionne très bien. Ce n’est pas le moment d’installer la bouture dans une terre lourde ou dans du terreau saturé d’engrais. Elle a besoin de respirer, pas d’être dopée.
Faut-il bouturer sous cloche ou en pleine terre ?
En été, l’humidité est votre meilleure alliée… et votre pire ennemie si elle stagne. Le secret, c’est l’équilibre. C’est pourquoi de nombreux jardiniers optent pour le bouturage à l’étouffée : la bouture est installée dans un pot sous une bouteille plastique découpée ou une mini-serre improvisée. L’humidité reste piégée, mais il faut penser à soulever la cloche tous les deux jours pour éviter la moisissure.
Le plein soleil est à bannir. Installez vos boutures à la mi-ombre, à l’abri du vent et des écarts thermiques. Un rebord de fenêtre orienté est ou nord, ou une zone protégée sous haie, conviendra très bien. Si vous avez une serre, préférez un coin non exposé directement au soleil.
Combien de temps faut-il pour que la reprise fonctionne ?
Comptez entre 4 et 8 semaines. Ce n’est pas immédiat, mais le signe de la réussite est très simple à reconnaître : quand vous tirez légèrement sur la tige, elle résiste. Cela veut dire qu’elle a commencé à produire des racines. Certaines variétés, surtout parmi les anciens rosiers grimpants, reprennent très vite. D’autres demandent plus de patience. Mais ne vous laissez pas décourager par une bouture qui ne repart pas. L’été est aussi une phase d’observation.
À ce stade, vous pouvez choisir de rempoter ou non. Si la bouture a bien pris, elle peut rester en pot jusqu’au printemps suivant. Cela vous permet de l’habituer progressivement à la vie en extérieur avant de la planter en pleine terre, une fois bien enracinée.
Les variétés qui prennent mieux que d’autres en été
Les rosiers anciens, souvent plus rustiques, sont généralement plus faciles à bouturer. Les variétés à port souple et à croissance vigoureuse, comme ‘Albertine’, ‘Félicité et Perpétue’, ou certains hybrides de noisette, répondent bien au bouturage estival. Les variétés modernes greffées sont plus capricieuses, et une bouture ne donnera pas toujours le même comportement végétatif que la plante mère. Mais cela peut aussi être une bonne surprise.
Ce que montrent les retours de jardiniers passionnés, c’est qu’il ne faut pas attendre « le bon moment » dans l’absolu. Il faut plutôt sentir celui que le rosier propose. Un rameau qui a fleuri, qui commence à durcir, qui n’a plus de bouton, et qui pousse dans des conditions équilibrées : c’est là que vous pouvez intervenir. Même en plein mois de juillet.
Le jardin ne donne pas d’ordres, mais il offre des indices. Bouturer à cette saison, c’est justement apprendre à les écouter sans les brusquer.
Mis à jour le 12 juillet 2025