En cette fin janvier, la douceur inhabituelle des températures dans le sud de la France, notamment dans le Var, a entraîné une apparition précoce des chenilles processionnaires. Ces insectes urticants, présents dans plus de 80 % des départements français, descendent déjà le long des troncs d’arbres pour entamer leur mue, un phénomène généralement observé plus tard dans la saison.
Sommaire
Une présence en expansion sur le territoire français
Initialement confinées au pourtour méditerranéen, les chenilles processionnaires ont progressivement étendu leur aire de répartition vers le nord, à raison d’environ quatre kilomètres par an. Cette progression est largement attribuée au changement climatique et à l’augmentation des températures moyennes. Aujourd’hui, elles sont présentes dans la majorité des départements français, posant des défis sanitaires et environnementaux significatifs.
Des conditions météorologiques favorables à une sortie anticipée
Les températures clémentes de cet hiver, avec des journées dépassant les dix degrés Celsius et l’absence de gel nocturne, ont favorisé une sortie précoce des chenilles. Ces conditions météorologiques envoient un signal aux chenilles, les incitant à quitter prématurément leurs nids pour descendre en procession le long des troncs, se diriger vers le sol et s’y enfouir pour poursuivre leur cycle de développement.
Les dangers des poils urticants pour la santé humaine
Les chenilles processionnaires sont recouvertes de poils urticants qui se détachent facilement et peuvent être transportés par le vent. Le contact avec ces poils peut provoquer diverses réactions chez l’homme :
- Éruptions cutanées accompagnées de démangeaisons intenses
- Conjonctivites en cas de contact avec les yeux
- Irritations des voies respiratoires si les poils sont inhalés, pouvant entraîner toux, éternuements et, dans les cas sévères, des crises d’asthme
Dans de rares situations, des réactions allergiques graves, telles que des chocs anaphylactiques, peuvent survenir, nécessitant une intervention médicale d’urgence. Entre 2012 et 2019, environ 1 300 cas symptomatiques d’exposition aux chenilles processionnaires ont été enregistrés par les centres antipoison en France, un chiffre probablement sous-estimé.
Un risque significatif pour les animaux domestiques
Les animaux, en particulier les chiens et les chats, sont également vulnérables. Attirés par les chenilles ou explorant leur environnement avec leur museau, ils peuvent entrer en contact avec les poils urticants, ce qui peut entraîner :
- Inflammation des muqueuses buccales, pouvant évoluer vers une nécrose de la langue
- Salivation excessive
- Vomissements
- Irritations des voies respiratoires
En cas de suspicion de contact, il est crucial de consulter rapidement un vétérinaire.
Mesures de prévention et de lutte contre les chenilles processionnaires
Face à la prolifération des chenilles processionnaires, plusieurs mesures peuvent être mises en place pour limiter les risques :
- Éviter les zones infestées durant la période de présence des chenilles, généralement de janvier à avril pour la processionnaire du pin et d’avril à juillet pour celle du chêne
- Ne pas toucher les chenilles, leurs nids ou les arbres infestés, et maintenir les enfants à distance
- Porter des vêtements longs lors de promenades en forêt et se laver les mains au retour
- Ne pas faire sécher le linge à l’extérieur à proximité d’arbres infestés et laver soigneusement les fruits et légumes provenant de ces zones
Pour lutter contre les infestations, il est recommandé de faire appel à des professionnels pour détruire les nids. Des méthodes telles que l’installation de colliers en forme de gouttière autour des troncs d’arbres peuvent piéger les chenilles lors de leur descente. Favoriser la présence de prédateurs naturels, comme les mésanges ou les chauves-souris, en installant des nichoirs, constitue également une approche écologique efficace.
Que faire en cas de contact avec des poils urticants ?
En cas de contact avec des poils urticants :
- Prendre une douche et changer de vêtements pour éliminer les poils présents sur la peau et les habits
- Ne pas frotter les zones atteintes pour éviter de casser les poils et d’aggraver l’irritation
- En cas de symptômes sévères (détresse respiratoire, réaction allergique grave), appeler immédiatement le 15 ou le 112
- Pour des symptômes modérés (rougeurs, démangeaisons), consulter un médecin ou contacter un centre antipoison
Pour les animaux présentant des signes de contact, tels qu’une salivation excessive ou des vomissements, il est essentiel de consulter un vétérinaire sans délai.
Une vigilance accrue face à une menace grandissante
La prolifération des chenilles processionnaires constitue une menace croissante pour la santé publique et animale en France. Leur expansion géographique, favorisée par le changement climatique, et leur apparition de plus en plus précoce nécessitent une vigilance accrue de la part des autorités et du public. La mise en œuvre de mesures préventives et de lutte adaptées est essentielle pour limiter les risques associés à ces insectes urticants.
Mis à jour le 7 février 2025