Ils ne brillent pas dans les rayons des supermarchés, pourtant ils reviennent discrètement dans les potagers de campagne. Groseille, cassis, framboise rustique : ces petits fruits, souvent associés aux haies des jardins d’autrefois, retrouvent leur place dans les cultures vivrières.
Leur rusticité, leur simplicité d’entretien, leur faible besoin en eau et leur capacité à produire durant plus de dix ans les rendent attractifs pour celles et ceux qui souhaitent un jardin nourricier, durable et peu contraignant. Et contrairement aux idées reçues, il est encore temps de les planter en mai. Ce mois marque même, pour certains jardiniers, la période idéale pour installer ces arbustes à fruits, à condition de respecter quelques principes.
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Pourquoi ces fruits ont été oubliés ?
Ils faisaient partie du décor dans les potagers familiaux jusque dans les années 1980. Plantés en bordure de potager, en fond de cour ou à l’entrée des champs, les groseilliers et cassissiers étaient des marqueurs de vie rurale. On les taillait peu, on les cueillait en été, on transformait leur récolte en confitures, sirops, gelées. Puis les habitudes alimentaires ont changé, et avec elles, les plantes.
La recherche de fruits « plus gros », « plus sucrés », « plus rapides à produire » les a évincés. Leur goût, parfois acidulé, leur aspect discret, leur entretien mal maîtrisé ont découragé les nouvelles générations. Pourtant, leur potentiel reste intact.
Peut-on vraiment les planter en mai ?
Oui, dès lors qu’on utilise des plants en conteneur. En mai, les températures sont plus stables, les pluies régulières, et les plants commercialisés sont souvent bien enracinés. L’enracinement se fait en douceur, sans stress hydrique, à condition de bien arroser à la plantation et de pailler immédiatement le sol.
La plantation en mai permet même un avantage : le sol s’est réchauffé, ce qui accélère la reprise. Les racines trouvent rapidement leur place et peuvent s’étendre avant l’été. Un plant installé en mai peut produire l’année suivante, à condition d’avoir été correctement nourri et arrosé.
Quels petits fruits choisir pour une plantation en mai ?



Le groseillier est l’un des plus faciles à réussir. Il préfère les sols légers, riches en humus, mais s’adapte bien en terrain calcaire si l’arrosage est régulier au départ. Variétés conseillées : ‘Rovada’ (très longues grappes, bonne résistance), ‘Versaillaise rouge’ (classique, productif), ou ‘Blanka’ pour une groseille blanche très douce.
Le cassissier est plus exigeant : il préfère les expositions fraîches, mi-ombragées, et un sol un peu humide. Idéal en fond de jardin. Le ‘Noir de Bourgogne’ est très aromatique mais sensible aux maladies ; ‘Andega’ est plus rustique, auto-fertile, avec une bonne résistance à la rouille.
Le framboisier rustique est l’arbrisseau idéal pour une production rapide. Préférer les variétés remontantes (deux récoltes par an) comme « Héritage », « Marastar » ou « Autumn Bliss ». Ces framboisiers tolèrent les sols pauvres et la sécheresse modérée. Plantés en mai, ils développent une bonne structure racinaire avant l’automne.
Comment bien réussir leur plantation tardive ?
Le trou doit être large, bien ameubli, avec un fond légèrement enrichi de compost ou de terreau mûr. Ne pas enterrer le collet. Un paillage dès la plantation est indispensable : il limite les écarts thermiques et conserve l’humidité sans arrosage excessif. Il est possible d’utiliser de la paille, du foin, ou du BRF bien décomposé.
Le plus important reste l’observation. Un excès d’eau est aussi néfaste qu’un manque, surtout en sol lourd ou argileux. Il vaut mieux arroser peu mais profondément, pour encourager les racines à descendre.
“Beaucoup de jeunes plants meurent non pas par manque d’eau, mais parce que le sol reste détrempé sous un paillage trop compact. Il faut aérer, surveiller, adapter à chaque sol.”
— Hélène, formatrice en jardinage naturel
Production : à quoi s’attendre la première année ?
Un plant mis en terre en mai ne produit généralement pas l’été suivant, sauf pour certaines framboises remontantes. Mais dès la deuxième saison, les premières grappes apparaissent. Un groseillier bien implanté peut donner jusqu’à 1,5 kg de fruits par an, un cassissier environ 1 kg, et un framboisier remontant, jusqu’à 2 kg selon les conditions et la taille hivernale.
Ces productions s’étalent sur plusieurs semaines, permettant des récoltes fractionnées, idéales pour la transformation domestique. En gelée, en sirop, en confiture, ces fruits conservent leur parfum bien au-delà de la cueillette.
Pourquoi ce retour a du sens aujourd’hui ?
Ces petits fruits s’intègrent dans une logique d’autonomie alimentaire, mais aussi de régénération des jardins. Ils fixent les sols, offrent refuge aux insectes auxiliaires, protègent les cultures voisines du vent. Leur culture est accessible à tous, y compris aux jardiniers débutants, pour peu que les gestes de base soient respectés.
Dans un monde où la production alimentaire est devenue fragile et coûteuse, ces petits arbustes, souvent achetés moins de 10 euros en pépinière, offrent un retour direct sur investissement en moins de deux saisons. Et bien plus que cela : une transmission, une patience retrouvée, une forme de jardinage qui prend racine dans le temps long.
Mis à jour le 8 mai 2025