Dans bien des vergers, la scène est toujours la même en plein été : un abricot presque parfait le matin devient, le soir venu, un fruit fendu, brunissant déjà sur les bords de la plaie. La chair, gorgée d’eau, pousse contre une peau à son maximum d’élasticité… et elle cède. Parfois, c’est la pluie qui déclenche le drame, parfois un arrosage trop généreux après quelques jours secs. Mais la conséquence est identique : une partie de la récolte part au compost au lieu de passer sur la table. Pourtant, il existe une technique simple, pratiquée par certains jardiniers expérimentés, qui réduit presque à zéro ce risque : cueillir les fruits un peu avant la pleine souplesse et les faire finir de mûrir hors de l’arbre.
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Pourquoi anticiper la récolte change tout
À mesure que l’abricot se rapproche de sa maturité complète, ses cellules se remplissent d’eau et de sucre. Cette saturation le rend particulièrement vulnérable à toute entrée massive d’humidité. Si l’arbre en absorbe soudainement beaucoup — à cause d’une pluie d’orage ou d’un arrosage tardif — le volume interne de la chair augmente en quelques heures, sans que la peau puisse suivre. En cueillant un peu avant ce stade critique, on bloque ce processus, tout en conservant le potentiel aromatique du fruit.
Reconnaître le bon moment en août
L’indicateur clé n’est pas la souplesse mais la couleur et le parfum. Un abricot prêt à être cueilli selon cette méthode présente une teinte homogène sur toute sa surface, sans zones vertes, et dégage une odeur sucrée. La peau reste encore légèrement ferme au toucher : c’est précisément ce qui lui permettra de terminer sa maturation à l’abri, sans craqueler.
La technique du torchon au frais
Une fois cueillis, les fruits sont disposés en une seule couche sur un torchon propre, posé sur une surface plane dans une pièce tempérée, idéalement entre 15 et 20°C. On évite la lumière directe du soleil qui accélérerait un mûrissement trop rapide et déshydratant. Le torchon absorbe l’humidité de surface et limite les points de contact, réduisant ainsi les risques de meurtrissure.
Le processus prend généralement deux à quatre jours. Les fruits gagnent en souplesse, développent leurs arômes et leur sucre, exactement comme s’ils étaient restés sur l’arbre… mais sans subir le stress hydrique qui cause les craquelures. Cette étape peut aussi servir à homogénéiser une récolte : les fruits cueillis à différents degrés d’avance finissent ensemble, ce qui facilite la transformation (confitures, compotes, séchage).
Conseil de terrain : si une pluie est annoncée, ne cherchez pas à “laisser profiter” les fruits d’un arrosage naturel. Cueillez la veille, même s’ils semblent un peu fermes. L’expérience montre qu’un abricot récolté à ce stade est souvent plus savoureux qu’un fruit éclaté sur l’arbre le lendemain.
Optimiser l’arrosage pour limiter le risque
La technique du torchon est d’autant plus efficace si elle s’accompagne d’une gestion de l’eau réfléchie. Un arrosage régulier et modéré tout au long de l’été évite les variations brutales d’humidité qui fragilisent la peau. Dès que les fruits commencent à se colorer, réduire légèrement les apports d’eau permet de stabiliser la pression interne et de préparer l’arbre à la récolte anticipée.
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Un exemple qui parle
Jean-Pierre, dans le Gard, raconte qu’il perdait près d’un tiers de ses abricots chaque été à cause de fentes. “Depuis que je cueille deux à trois jours avant la pleine maturité et que je les laisse finir dans mon cellier sur un vieux torchon en coton, je ne perds plus rien. Ils sont parfumés, sucrés, et je peux les préparer par lots homogènes pour la confiture.”

Et vous ?
Avez-vous déjà testé cette méthode d’anticipation suivie de maturation au frais ? Vous êtes plutôt partisan de laisser mûrir sur l’arbre ou d’agir tôt pour sécuriser la récolte ? Racontez vos essais, vos réussites ou vos échecs, afin que chacun puisse affiner sa technique et profiter d’abricots intacts tout l’été.
Mis à jour le 9 août 2025